Catherine Ribeiro : La voix révoltée du rock français s'éteint à 82 ans
Catherine Ribeiro, figure emblématique du rock engagé, est décédée dans la nuit de jeudi à vendredi, à l’âge de 82 ans.
Artiste inclassable, elle était une icône de la révolte, du radicalisme, et de la poésie.
Ribeiro montait sur scène vêtue de noir, les poings tendus, incarnant une force brute. Son regard perçant et son sourire énigmatique dégageaient la puissance d'une combattante, la tendresse d'une amante, et la détermination d'une militante. Elle incarnait une passionaria, prête à défier toutes les injustices et à embrasser la beauté sous toutes ses formes.
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Cette femme, sœur des sans-grade, ceux qui ont grandi sous les fumées d’usine, symbolisait une rébellion à la fois farouche et poétique. Ribeiro n'était pas simplement une chanteuse ; elle était un symbole, une sorte de Janis Joplin illuminée par Baudelaire, une Piaf transcendée par Apollinaire. Catherine Ribeiro est décédée le 23 août, comme l’a confirmé son entourage à l’AFP.
Elle rêvait d’une révolution musicale : « Les paroles ne sont qu’un accessoire… Il faudrait que la voix serve d’instrument… Ce que je cherche à faire, c’est détruire complètement la chanson classique », déclarait-elle en 1970. Sur des musiques envoûtantes et énergiques, Ribeiro et le groupe Alpes, fondé avec Patrice Moullet, appelaient à la liberté, à l’insurrection, et à l’amour.
Malgré l'indifférence des médias traditionnels dans les années 70, ils ont marqué les esprits en remplissant des salles prestigieuses comme l’Olympia et Bobino, et en vendant des milliers d'albums. Leur marginalité, imposée par l'industrie musicale, est devenue leur signature.
Surnommée la "pasionaria rouge" et la "grande prêtresse de la chanson française", Catherine Ribeiro, fille d'immigrés portugais née à Lyon, a refusé les compromis du show business. Léo Ferré la décrivait ainsi : "La beauté insoumise de Catherine et sa colère chevillée à l'âme incommodent le show business".
Après des débuts yéyé au milieu des années 60, elle a choisi des chemins artistiques plus aventureux. Avec le groupe Alpes, elle a produit neuf albums, mêlant engagement politique et poésie, dénonçant la guerre, soutenant les réfugiés chiliens, et luttant pour l’écologie.
Aujourd’hui, le rock français perd une voix unique, celle d’une femme qui, par son art et sa révolte, aura marqué son époque et inspiré des générations.