Chine: Pékin revendique les territoires de ses voisins inclus dans sa nouvelle carte officielle
Les différends frontaliers de la République populaire de Chine avec ses voisins sont nombreux, hérités de l'époque coloniale et de la prise de pouvoir du Parti communiste.
Cependant, Pékin, qui a dévoilé sa nouvelle carte officielle du pays le 28 août, va jusqu'à revendiquer le territoire de ses propres alliés, y compris la Russie.
Cette carte suscite la colère des pays voisins. Les litiges territoriaux chinois sont directement liés à l'histoire troublée du pays : entre les guerres contre les puissances coloniales et l'effondrement de l'empire Qing, les frontières du pays ont été considérablement modifiées.
Les régions concernées, qui comprennent des massifs montagneux, des mers et des territoires très peu peuplés, ont été délimitées de manière imprécise ou par des diplomates aujourd'hui reniés par Pékin. Les différents acteurs de ces conflits ont choisi de suivre la revendication qui leur convient le mieux.
C'est le cas de la nouvelle carte publiée par le ministère des Ressources naturelles, qui ignore les protestations des voisins. Elle inclut des revendications en mer de Chine méridionale, qui empiètent sur les eaux territoriales de plusieurs pays, dont la Malaisie. Le gouvernement malais a déclaré : "Cette carte n'a aucun effet sur la Malaisie", selon Nikkei Asia.
Quant à l'Inde, la Chine revendique deux territoires sous son contrôle : l'Arunachal Pradesh, rattaché à New Delhi, et l'Aksai Chin, contrôlé par la Chine mais revendiqué par l'Inde.
Cette dispute remonte à 1914, lors de la convention de Simla, où l'empire britannique a défini avec le Tibet, alors indépendant de facto, la "ligne Mac-Mahon", qui trace la frontière entre l'Inde et son voisin du nord. Pékin ne reconnaît cependant pas ce traité signé par le Tibet, qui attribue la région de l'Arunachal Pradesh à New Delhi.
Quant à l'Aksai Chin, cette région occupée par l'Inde britannique depuis le XIXe siècle est située dans une zone peu accessible et aux frontières mal définies. La Chine l'a annexée en 1962 lors de la guerre sino-indienne, mais New Delhi la considère toujours comme son propre territoire, ce qui a entraîné des affrontements meurtriers en 2020 et 2021.
Si la Chine ne cache pas ses intentions dans la région, la publication de la carte a suscité la colère de New Delhi. Le ministre indien des Affaires étrangères, Jaishankar Subhramanyam, a dénoncé : "Revendiquer de manière absurde certains territoires appartenant à d'autres pays ne les rend pas automatiquement vôtres", selon Associated Press.
Il existe également des différends avec le partenaire russe. La carte revendique également Taïwan, conformément à la politique de Pékin depuis des décennies. Bien que la République populaire de Chine n'ait jamais occupé cette île, elle la revendique en raison de son appartenance historique à la Chine. Cependant, la dispute s'étend également au Japon, qui administre certaines îles près de Taïwan. Les relations entre les deux pays se sont récemment envenimées en raison du rejet des eaux usées de la centrale de Fukushima dans l'océan.
Enfin, il y a la Russie et le cas de l'île Bolchoï Oussouriisk. À la suite de la Seconde Guerre de l'Opium, Moscou a annexé la Mandchourie-Extérieure en 1860, mais un différend persiste concernant l'île Bolchoï Oussouriisk située à la confluence des fleuves Amour et Oussouri. Une convention en 2008 a finalement résolu le problème, mais Pékin revendique désormais la totalité de l'île.