Économie
Sommet Chine-Union européenne: le dialogue plutôt que la confrontation?
Avec deux guerres et des relations commerciales tendues, les responsables de l'Union européenne et de la Chine entament des pourparlers dans l'espoir de relations "mutuellement bénéfiques".
La Chine et l'Union européenne ne devraient pas se considérer mutuellement comme des rivaux et doivent aborder leurs différences, ont déclaré des dirigeants des deux côtés lors du premier sommet en personne entre l'UE et la Chine depuis plus de quatre ans.
Lors de la réunion à Pékin jeudi, le président chinois Xi Jinping a averti les hauts responsables de l'UE que la Chine et l'Europe ne devraient pas entrer en confrontation en raison de leurs systèmes politiques différents.
Actuellement, lors du sommet Chine-Union européenne, l'objectif est de restaurer un dialogue constructif, loin de la virtualité qui a marqué le précédent sommet d'avril dernier. Cette réunion vise à reconstruire la confiance, avec un accent particulier mis par l'Europe sur des questions cruciales telles que la guerre d'agression russe en Ukraine, un sujet jusqu'à présent épineux avec la Chine, alliée de Moscou.
L'histoire récente des relations sino-européennes a été complexe. En 2019, le "sommet des sourires" a été marqué par l'optimisme, mais depuis, la réalité pragmatique a pris le dessus. Les diplomates évitent désormais la notion de "déclaration commune". Les pourparlers actuels se concentrent sur la nécessité d'éviter un "dialogue de sourds" et de reconstruire la confiance érodée. Les Européens cherchent à faire entendre leur voix sur des questions géopolitiques essentielles, tout en abordant les tensions commerciales bilatérales.
Côté européen, Charles Michel et Ursula von der Leyen adoptent une approche concertée, soutenus par Josep Borrell, le vice-président de la Commission européenne. Leur objectif est de gérer une relation complexe avec la Chine, utilisant des tactiques de "bon flic, mauvais flic". Les récents gestes d'ouverture de Pékin, tels que la levée des visas courts séjours pour certains pays européens et la fin des sanctions contre la Lituanie, ont été interprétés comme des signes d'apaisement.
Les responsables chinois insistent sur le fait que les plus grands risques économiques sont posés par les politiques protectionnistes et la "politisation". La relation de la Chine avec la Russie est un autre point délicat à l'ordre du jour, où l'UE demanderait à la Chine d'exercer une pression sur Moscou pour mettre fin à son invasion de l'Ukraine, mais Xi évoque son "amitié profonde" avec le président russe Vladimir Poutine.
La guerre entre Israël et le Hamas ainsi que les tensions autour de Taïwan autonome seront également des points centraux des discussions, a déclaré le bloc. Lors de la réunion, Xi a déclaré à von der Leyen et Michel que la Chine et le bloc "doivent répondre conjointement aux défis mondiaux et travailler ensemble pour promouvoir la stabilité et la prospérité mondiales".
Malgré les déclarations de camaraderie et les grands espoirs de coopération, les analystes estiment que les deux parties auront du mal à se mettre d'accord sur de nombreux points à l'ordre du jour.
"Les deux parties ne sont probablement pas prêtes à obtenir ce qu'elles veulent de l'autre côté", a déclaré Nicholas Bequelin, chercheur principal au Paul Tsai China Center de Yale.
L'annonce par l'UE d'une enquête antisubventions sur les importations chinoises de véhicules électriques, évaluées à 26 milliards d'euros, a néanmoins créé une onde de choc. Les Européens craignent une répétition de l'histoire des panneaux solaires et remettent en question la notion de "derisking". Certains experts estiment que Pékin pourrait chercher à améliorer ses relations avec Bruxelles en incitant les constructeurs chinois de voitures électriques à ouvrir des usines en Europe, moyennant une exemption de droits de douane.
Le sommet actuel s'inscrit dans une perspective historique complexe, mêlant des enjeux commerciaux, géopolitiques et environnementaux. Les résultats de ces négociations auront un impact significatif sur l'avenir des relations sino-européennes, avec des questions cruciales telles que la protection des droits humains et l'action commune face aux défis mondiaux. L'histoire récente des relations entre la Chine et l'UE ajoute une couche de complexité à ces pourparlers, soulignant la nécessité de trouver un équilibre délicat entre coopération et rivalité.