Diplomatie sous tension : Xi Jinping aux USA, entre dialogue et contentieux stratégiques
La récente visite du président chinois Xi Jinping aux États-Unis revêt une importance cruciale dans un contexte géopolitique complexe, marqué par des conflits, une dégradation climatique et des tensions directes abordées lors de discussions approfondies.
Au micro d’Al-Ain, le spécialiste des relations internationales Pascal Le Pautremat, analyse les enjeux autour de cette rencontre historique.
« Cette visite arrive sur fond de tensions géopolitiques accrues, de conflits hybrides, mais aussi de dégradation climatique », explique le chercheur en géopolitique Pascal Le Pautremat. Un rappel des défis urgents qui exigent une coopération internationale efficace.
Évoquant la guerre russo-ukrainienne, notre interlocuteur, auteur de Géopolitique de l’eau (ed. L’esprit du temps, 2020), souligne les risques de fragmentation dans un monde multipolaire, exacerbant les divisions internationales. Cependant, la nécessité de « travailler sur les sujets qui ne gênent pas » reste cruciale pour la construction d'une architecture de sécurité mondiale.
Au cœur de cette visite, le chercheur insiste sur l'importance de la mise en relation directe des dirigeants, affirmant que « cette visite est salutaire car elle met face à face des hommes ». Cette dimension humaine pourrait être un élément clé pour surmonter les divergences actuelles.
Cependant, la visite de Xi Jinping ne se déroule pas sans son lot de tensions directes. Les enjeux autour de Taiwan, l'espionnage industriel, le soutien présumé de la Chine à la Russie dans la guerre en Ukraine, et les critiques américaines concernant les droits de l'homme en Chine sont autant de sujets délicats qui pèsent sur la relation sino-américaine. Inversement, la Chine reproche toujours aux États-Unis une forme d’impérialisme accru, avec notamment une présence militaire américaine sur tout le flanc oriental de la Chine.
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Le Président Joe Biden a soulevé des inquiétudes concernant les "abus des droits de l'homme" en Chine, notamment à Xinjiang, au Tibet et à Hong Kong, lors de ses entretiens de près de quatre heures avec le Président chinois Xi Jinping, selon le compte rendu de la Maison Blanche.
"Le Président Biden a souligné l'universalité des droits de l'homme et la responsabilité de toutes les nations de respecter leurs engagements internationaux en matière de droits de l'homme", indique le compte rendu. Le Président a décrit la réunion comme "l'une des plus productives". Lors d'une rare conférence de presse après le sommet, il a vanté la reprise des communications militaires et a partagé que les deux dirigeants étaient d'accord sur la réduction du trafic de fentanyl.
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Cependant, le Président Biden a également évoqué la question des Américains détenus en Chine et a réitéré la politique américaine sur Taiwan. Le statut de l'île, dont Pékin revendique la souveraineté et à laquelle Washington fournit une conséquente assistance militaire, reste un sujet de friction central.
Joe Biden "dira clairement (...) que nous ne soutenons pas l'indépendance de Taïwan" et "que nous ne voulons pas que le statu quo change de manière unilatérale, et certainement pas par la force", avait indiqué avant la réunion un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby, réaffirmant la position volontairement ambiguë des Etats-Unis.
Lors de la conférence de presse, il a également réaffirmé ses commentaires antérieurs qualifiant Xi de dictateur.
Ainsi, la visite de Xi Jinping aux États-Unis, au-delà de ses implications géopolitiques, se profile comme une opportunité cruciale pour construire une relation sino-américaine plus apaisée, même face aux défis complexes, aux tensions directes et aux préoccupations relatives aux droits de l'homme qui marquent le présent.