Un cliché bouleversant : l'image qui a ébranlé les consciences et révélé l'horreur à Gaza
Une femme en détresse, un petit corps inerte soigneusement enveloppé, et un coin d'hôpital. Cette image, capturée à Gaza, a fait le tour du globe. Inas, plongée dans le désarroi suite à la perte de sa nièce bien-aimée, Saly.
"Une femme serre dans ses bras le corps d'un enfant palestinien décédé lors des attaques israéliennes, dans un hôpital de Khan Younès, situé dans le sud de la bande de Gaza, le 17 octobre 2023." C'est la légende précise qui accompagne la photographie du journaliste Mohammed Salem, mise à disposition des rédactions du monde entier par l'agence de presse Reuters. Cette image a été capturée moins de 30 minutes auparavant.
L'urgence est primordiale. La nécessité de la visibilité est impérative. À ce moment critique du conflit, les communications avec l'enclave, bien que difficiles, ne sont pas encore entièrement interrompues.
Comme une marée de colère. Chaque conflit, chaque crise internationale déverse sur nos écrans un déluge d'images insoutenables. Des photographies du pire, des cris silencieux. Des corps défigurés, le temps d'un instant, suspend le flot de leur propre sang. Des larmes figées à jamais sur des joues creusées. Des étreintes entre âmes tourmentées. Des foyers, des écoles, des villages entiers, pris au piège dans la poussière immobile de leurs ruines. Au milieu du chaos, des corps inertes en attente de sépulture, tandis que les proches demeurent paralysés.
C'est ce moment de deuil inexprimable que Mohammed Salem a capturé. Aucun visage ne trahit la douleur, aucune larme n'est versée. Pas de cris, pas de sang, seulement une souffrance profonde et insoutenable. C'est la vulnérabilité de l'âme humaine face à la mort, en l'occurrence celle d'un enfant chéri et aimé. Selon parismatch.
Comment ne pas ressentir le poids d’un si petit corps sur ses propres genoux ? Une vie envolée soutenue dans le désespoir de l’étreinte. Comment ne pas froisser de nos mains ce linceul qui referme à jamais l’innocence de l’enfance ? J’ai instinctivement pensé à mes filles lorsque je les porte, endormies, pour les amener au lit. Comment ne pas ressentir la douleur dans notre chair, jusqu’à ne plus supporter qu’elle reste anonyme.
"La photographie capture, dans son sens le plus étendu, la réalité de ce qui se déroule dans la bande de Gaza", explique le photographe. "La foule était en proie à la confusion, se précipitant d'un endroit à un autre, angoissée de découvrir le destin de ses proches." Au milieu de ce tumulte, Mohammed a remarqué une femme accroupie dans la morgue, sanglotant et serrant le corps de l'enfant contre elle. "Il était destiné à être inhumé, mais elle refusait de le relâcher."
Mohammed saisit quelques photos. L’émotion le submerge et il s’effondre. Il est papa depuis quelques jours à peine.
Sa photo a rapidement parcouru la planète. Au sein de ce conflit opposant les deux camps et leurs partisans, l'horreur brute est devenue une arme, allant parfois jusqu'à la surenchère. La barbarie est exposée, et l'opinion publique s'y perd. La frontière entre information et propagande n'a jamais été aussi floue. L'atroce est remise en question. Sur ce champ de bataille médiatique, cette photo, elle, a trouvé sa raison d'être. Le chagrin ne se soumet à aucune religion. L'amour ne se confine à aucune nationalité. Le désespoir ne se limite à aucun territoire. Le déchirement, lui, n'obéit à aucune idéologie.
La photo a circulé à l'échelle mondiale et touche en plein cœur. Face à elle, l'horreur de la guerre se dispense de mots et de discours analytiques. Le désespoir n'obéit pas à la géopolitique.