Colonisation de l'Algérie: Macron veut tourner la page
Le président français Emmanuel Macron est revenu sur plusieurs questions concernant les relations liant son pays à l'Algérie.
Il estime qu'il n'a "pas à demander pardon" à l'Algérie pour la colonisation, mais espère accueillir son homologue Abdelmajid Tebboune en France en 2023 pour poursuivre le travail de mémoire et de réconciliation entre les deux pays.
"Je n'ai pas à demander pardon, ce n'est pas le sujet, le mot romprait tous les liens", explique-t-il dans un long entretien avec l'écrivain algérien Kamel Daoud à l'hebdomadaire français Le Point publié mercredi soir.
"Le pire serait de conclure : 'On s'excuse et chacun reprend son chemin+", dit-il. "Le travail de mémoire et d'histoire n'est pas un solde de tout compte", poursuit-il.
"C'est, bien au contraire, soutenir que dedans il y a de l'inqualifiable, de l'incompris, de l'indécidable peut-être, de l'impardonnable", souligne-t-il.
La torture, le jeu préféré de l'armée française durant la colonisation
L’évocation de l'ancien centre de torture "Chabou", érigé dans la commune d'Es-Sehaïlia (wilaya de Mascara), aujourd’hui disparu du paysage local, éveil toujours de douloureux souvenirs chez les moudjahidine qui y étaient détenus durant la Révolution, pour y avoir subi d’inhumaines formes de sévices.
Le moudjahid Naoui Mechri, âgé de 84 ans, se souvient encore de la cellule sombre de cette prison dépourvue des conditions sanitaires et humaines les plus élémentaires.
"Le centre Chabou restera une honte gravée sur le front de la France coloniale", affirme-t-il à l’APS, à la veille de la célébration du 68ème anniversaire du déclenchement de la guerre de libération nationale.
Cet octogénaire a été arrêté en 1957 par l'armée coloniale française et conduit directement au centre de torture où, dès le premier jour de son arrestation, a été livré à des chiens féroces dont les marques de morsure sont encore visibles sur ses bras et ses jambes.
Il a été soumis aux formes de torture les plus horribles à l'intérieur d'une des cellules étroites.
Il se souvient d’avoir été inconscient durant plusieurs jours, car ses bourreaux, des officiers de l'armée française, ne lui ont laissé aucune chance de récupérer, dans leurs tentatives de lui arracher des renseignements sur le bataillon de l'ALN, qui était actif dans les régions d'El-Menouer et de Tighenif, mais en vain.
Naoui Mechri a indiqué que "les officiers français adoptaient une méthode consistant à isoler les détenus des moudjahidine, ainsi que de leurs proches, dans des cellules d'isolement, qui étaient également des lieux de torture".