COP28 :Les engagements déjà dévoilés à la conférence sur le climat à Dubaï
La COP28 à Dubaï s’est ouverte avec une décision historique sur les dommages climatiques, suivie par toute une série d’annonces financières ou énergétiques.
Celles-ci sont préparées depuis des mois par les Émirats arabes unis pour tenter de donner une impulsion positive aux négociations, rapporte RTBF.
Toutefois, ces annonces sont pour beaucoup des engagements volontaires, certes vertueux mais non contraignants.
Ils ne doivent pas, selon des observateurs, détourner l’attention des négociations pour obtenir une décision finale de la COP28 qui ait l’autorité d’un consensus entre près de 200 pays sous l’égide des Nations unies.
Pertes et dommages
Le premier jour des négociations a vu le lancement d’un fonds "pertes et dommages" destiné à aider les pays vulnérables à faire face aux conséquences de plus en plus coûteuses et dommageables des catastrophes climatiques.
L’accord de jeudi a été assorti de premières promesses financières, qui s’élèvent à près de 600 millions de dollars, selon un décompte du Natural Resources Defense Council, voire près de 700 millions en ajoutant des engagements encore non détaillés au sein de l’Union européenne.
Les Emirats arabes unis, l’Allemagne, l’Italie et la France ont chacun promis jusqu’à 100 millions de dollars ou d’euros.
Ces montants ne sont toutefois qu’une mise de départ pour tester les premiers pas du fonds avant un véritable tour de table. Ils sont largement inférieurs aux 100 milliards de dollars par an que certains pays en développement, historiquement les moins responsables du réchauffement, ont réclamé.
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a salué les premières promesses, mais a déclaré qu’il fallait "mobiliser des fonds à une échelle bien plus grande".
Les militants de la cause du climat ont déclaré que l’offre des États-Unis (17,5 millions de dollars soumis à l’accord du Congrès) était tout à fait insuffisante de la part du plus grand pollueur historique de la planète.
"Il s’agit d’une somme dérisoire et honteuse qui montre que les États-Unis ne sont absolument pas déterminés à donner la priorité aux impacts climatiques auxquels les communautés de première ligne sont confrontées", a commenté Bineshi Albert, de l’Alliance pour la justice climatique.
Tripler le nucléaire d’ici 2050
Une vingtaine de pays dont les États-Unis, la France, le Japon et les Émirats arabes unis ont appelé samedi dans une déclaration commune à tripler les capacités de l’énergie nucléaire dans le monde d’ici 2050, par rapport à 2020.
Cet appel volontaire, non contraignant et parallèle aux négociations de la COP28, illustre le spectaculaire regain d’intérêt pour l’atome, source d’électricité quasiment sans carbone mais qui a souffert après l’accident de Fukushima en 2011.
Mais la Chine et la Russie, premiers constructeurs de réacteurs nucléaires dans le monde aujourd’hui, ne comptent pas parmi les signataires.
Tripler les énergies renouvelables
Un engagement non contraignant à tripler les capacités renouvelables dans le monde d’ici à 2030 a été signé par au moins 118 pays, soit plus de la moitié des États représentés à la COP28, a annoncé samedi son président Sultan Al Jaber.
Un communiqué de la présidence avait auparavant annoncé 116 pays, et la liste s’allongeait encore peu après à 118… Quel que soit le nombre final, cette annonce vise à imposer l’inscription de cet objectif dans tout accord final à la COP28, cette fois dans le cadre onusien.
Montrant l’ampleur du chemin qui reste à accomplir, la liste fournie par la présidence de la COP28 n’inclut pas les plus grands pays producteurs ou consommateurs d’énergies fossiles : Russie, Arabie saoudite, Chine, Iran, Irak, Venezuela, Koweït, Qatar…
Accélérer la sortie du charbon
La France a lancé samedi avec les Etats-Unis et d’autres pays, dont le Vietnam et l’Indonésie, une initiative pour soutenir l’accélération de la sortie du charbon, qui génère encore le tiers de l’électricité mondiale.
Jugeant que la transition énergétique risque de menacer les emplois et la stabilité économique de nombreux pays émergents encore dépendants du charbon, notamment en Asie, les participants, parmi lesquels figurent aussi le Canada, le Royaume-Uni, la Malaisie et le Sénégal ont appelé à "débloquer de nouvelles sources de financement public et privé".
Ils ont demandé à la Banque mondiale de faire baisser le coût des investissements dans les énergies propres dans les pays émergents.
Réduire les émissions de méthane
Grand ignoré des accords sur le climat jusqu'à présent, le méthane est responsable de 30% du réchauffement historique. Dans l'énergie, la principale source est les fuites de gaz naturel dans les puits ou les gazoducs.
Les Etats-Unis ont annoncé que de nouveaux pays, dont le Turkménistan, le recordman du monde des fuites de méthane selon l'Agence internationale de l'énergie, ont rejoint une initiative appelée "Global Methane Pledge", qui dépasse désormais 150 pays. L'initiative vise à réduire de 30% les émissions de méthane d'ici 2030, comparé à 2020.
50 compagnies pétrolières ont séparément signé un engagement à réduire leurs émissions de méthane à "près de zéro" d'ici 2030, mais sans engagement pour la grande majorité de leur empreinte carbone, faisant dire aux experts et ONG qu'il s'agissait d'un engagement très faible.