Coupe du monde 1958: Le record de Just Fontaine, 13 buts dans la légende
Obnubilée par Raymond Kopa, la défense paraguayenne oublie Just Fontaine qui s'offre un triplé (24e, 30e, 68e) pour l'entrée des Bleus dans le tournoi.
Le Rémois, dont les chaussures n'ont pas résisté à la préparation, se révèle à son aise dans les crampons prêtés par l'Angevin Stéphane Bruey (par chance, l'attaquant remplaçant chausse la même pointure), rapporte l'Equipe.
En un match, le numéro 17 des Bleus égale le record de buts marqués par un joueur français en phase finale de Coupe du monde, détenu par Jean Nicolas (1 but en 1934 et 2 en 1938).
Yougoslavie-France (3-2) : deux buts
Malgré un doublé de Fontaine (4e, 85e), dont une merveille de lob pour revenir à 2-2, la France s'incline sur le fil (2-3, 87e) lors de la 2e journée. Au coup de sifflet final, le goleador des Bleus peste contre ce dernier « but idiot » (fatal au gardien François Remetter, remplacé par Claude Abbes pour la suite du tournoi) et contre l'arbitre gallois Mervyn Griffiths, qui ne lui a pas accordé un penalty après avoir été fauché dans la surface par le capitaine yougoslave Branko Zebec (50e).
France-Écosse (2-1) : un but
« Notre jeu s'allie parfaitement. » Buteur sur un caviar de « Justo » (22e), Raymond Kopa apprécie sa complicité sur le terrain comme en dehors avec son compagnon de chambre. Celui-ci marque encore (45e), confortant sa place de meilleur buteur de la phase de groupes (6), avant de trouver la barre (52e). « L'attaque française était élégante comme une robe de chez Dior », s'esbaudit le quotidien britannique The Daily Express, conquis.
France-Irlande du Nord (4-0) : deux buts
Malheureux lors de la première période (barre à la 24e minute) de ce quart de finale, Fontaine trompe deux fois (56e, 64e) le gardien de Manchester United Harry Gregg, admiratif : « Je ne m'étonne plus que cet homme soit le plus grand buteur de la Coupe du monde car il a tout pour lui : vitesse, tir, couverture de balle exceptionnelle et sens du jeu collectif. Si Kopa, qui est un merveilleux organisateur, s'entend aussi bien avec lui devant le Brésil, je suis convaincu qu'il sera le premier attaquant à battre le gardien Gilmar. »
France-Brésil (2-5) : un but
Le portier nord-irlandais a vu Just ! En égalisant sur un service de Kopa (1-1, 9e), Fontaine est le tout premier joueur à battre Gilmar, qui soulignera « sa grande classe ». Mais, diminués par la blessure de Robert Jonquet (malgré un péroné fracturé à la suite d'un choc avec Vava [35e], il restera sur le terrain, spectateur exilé sur l'aile gauche, les remplacements étant alors interdits), les Bleus succombent en demi-finales devant la virevoltante attaque auriverde menée par un gamin de dix-sept ans appelé à devenir Roi, Pelé, auteur d'un triplé.
France-Allemagne (6-3) : quatre buts
Grâce à son quadruplé (15e, 36e, 77e, 89e), le feu follet Fontaine et ses treize buts au total effacent le record du Hongrois Sandor Kocsis (11 buts en 1954).
Il aurait même pu devenir le premier joueur à inscrire cinq buts dans un même match en Coupe du monde (performance réalisée par le Russe Oleg Salenko contre le Cameroun en 1994 [6-1]), si Kopa lui avait laissé tirer le penalty sifflé pour une faute sur Maryan Wisnieski (27e). « Raymond était désigné pour tirer les penalties. Il ne me serait pas venu à l'idée de lui demander de le tirer à sa place », confiera le maître-artilleur tricolore.