Crise en Corée du Sud : Yoon Suk-yeol face à la destitution après la loi martiale
La Corée du Sud a vécu une nuit de tensions extrêmes, marquée par l’annonce choc du président Yoon Suk-yeol, qui a décrété la loi martiale dans le pays.
En vigueur pendant six heures, cette mesure a provoqué une onde de choc nationale et internationale, forçant Yoon à la lever dans la matinée du mercredi 4 décembre, après une mobilisation inattendue du parlement et des forces de l’ordre.
Une crise politique sans précédent
L’instauration de l’état d’urgence a débuté le mardi soir, avec des hélicoptères militaires atterrissant sur le toit du parlement, tandis que des soldats des forces spéciales tentaient d’entrer dans la salle de l’Assemblée nationale. Cette tentative a été rapidement contrecarrée par les députés, qui se sont réunis en urgence pour adopter une résolution exigeant l’annulation immédiate de la loi martiale. Dans un climat de panique, le cabinet du président a été contraint de se plier à cette demande.
Cette décision inédite, qui suspendait la vie politique, fermait le parlement et mettait les médias sous contrôle, a fait l’effet d’une bombe en Corée du Sud.
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Si Yoon justifiait son geste par la menace extérieure des forces nord-coréennes, beaucoup estiment que la loi martiale était en réalité une manœuvre pour résoudre ses difficultés politiques internes, notamment un affrontement sur le budget de 2025 avec une opposition majoritaire au parlement.
Une tentative de consolidation du pouvoir qui échoue
Pour certains analystes, cette action constitue un tournant décisif pour Yoon Suk-yeol.
Jenny Town, spécialiste des relations intercoréennes, estime que ce geste pourrait être le début de la fin de la présidence de Yoon.
« Cette décision dangereuse pourrait bien mener à une procédure de destitution », prévient-elle, soulignant que le président était déjà impopulaire avant cet incident.
Le principal parti d’opposition, le Parti démocrate, a rapidement annoncé son intention de proposer une motion de destitution et a réclamé des poursuites pour rébellion contre Yoon et ses alliés. Les syndicats, eux aussi, ont réagi en appelant à une grève générale illimitée jusqu’à la démission du président, accusé d’avoir porté atteinte à la démocratie.
Des réactions internationales
L’annonce de la loi martiale a également suscité l’inquiétude des États-Unis, qui ont exprimé leur mécontentement de n’avoir pas été informés au préalable de la décision.
Une fois la loi martiale levée, Antony Blinken, secrétaire d’État américain, a salué la mesure et a appelé à une résolution pacifique des différends politiques en Corée du Sud, dans le respect de l’État de droit.
Pour le politologue Brian Klaas, cette tentative de Yoon de renforcer son pouvoir à travers des moyens autoritaires pourrait envoyer un signal inquiétant à Washington, particulièrement à l’aube d’une nouvelle administration Trump.
Une démission en cascade
Face à la crise, plusieurs membres du cabinet de Yoon, ainsi que son chef de cabinet, ont démissionné en masse, soulignant l’ampleur du malaise au sein du gouvernement.
DCrans un contexte politique et social extrêmement tendu, la question de la pérennité de la présidence de Yoon Suk-yeol est désormais plus que jamais sur la table. La Corée du Sud semble en proie à une crise institutionnelle majeure, dont les conséquences pourraient marquer un tournant dans son histoire démocratique.