Dassault confirme enfin un accord avec Airbus
"Oui, aujourd'hui c'est fait. Nous avons un accord avec Airbus. Tous les blocages ont été levés", a déclaré le PDG français Trappier au Figaro, précisant qu'"il ne reste plus que la signature formelle des contrats d'ici à quelques jours".
Le 25 novembre, au côté du chancelier Olaf Scholz, la Première ministre Elisabeth Borne avait affirmé qu'"un accord (avait) été trouvé entre (les) industriels" pour des contrats d'études devant mener à un démonstrateur du Système de combat aérien futur (SCAF).
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"Cela suppose une validation des États et je pense que c'est en cours", avait ajouté Mme Borne. Un porte-parole de Dassault avait ensuite déclaré que ce n'était "pas fait".
Une semaine plus tôt pourtant, un accord entre industriels avait été annoncé par le ministère allemand de la Défense.
"Il y a eu des pressions de toutes parts. Nous en avons mis. Nous en avons subi.
Mais tant que l'accord industriel n'était pas conclu, il était prématuré de l'annoncer", a remarqué M. Trappier dans un entretien mis en ligne jeudi après-midi par Le Figaro, journal qui appartient au Groupe Dassault.
Selon le PDG, désormais "nous allons pouvoir entrer dans l'exécution de la nouvelle phase d'études, dite 1B, qui doit préparer le développement d'un démonstrateur, qui devrait voler vers 2029".
Quant aux contrats, "ils seront notifiés par la Direction générale de l'armement, qui est l'agence exécutive des contrats, au nom des trois pays partenaires – France, Allemagne et Espagne", a-t-il rappelé.
Selon M. Trappier, "toute négociation implique des concessions. Mais oui, nous avons obtenu toutes les garanties pour ouvrir une nouvelle phase de ce qui est, je le rappelle, une phase d'études amont et pas encore un programme".
L'entreprise tenait en particulier à sanctuariser son statut de leader du projet de l'appareil proprement dit.
"Nous sommes confirmés dans notre rôle de maître d'œuvre et d'architecte de l'avion et nous avons obtenu la protection de notre savoir-faire industriel et de nos technologies", s'est-il félicité.
"Programme emblématique"
Et de préciser: "la propriété des travaux à réaliser en commun sera partagée, mais les technologies et le savoir-faire qui nous appartiennent ne le seront pas. C'est un accord gagnant-gagnant pour toutes les parties".
De son côté, Airbus s'est félicité du fait que "tous les partenaires industriels ont signé les accords respectifs pour lancer la prochaine phase du programme".
"Il s'agit d'un grand pas en avant pour ce programme emblématique de la défense européenne", selon le président de la division Défense d'Airbus, Michael Schoellhorn, cité dans une déclaration transmise à l'AFP.
Lancé en 2017 mais encalminé depuis plus d'un an en raison de tiraillements entre Dassault et Airbus, le SCAF doit remplacer à l'horizon 2040 les avions de combat Rafale français et Eurofighter allemands et espagnols.
Il s'agit d'un "système de systèmes" qui s'articule autour de l'avion avec des drones accompagnateurs, le tout connecté, via un "cloud de combat", avec les autres moyens militaires engagés dans une opération.
L'ampleur du projet -quelque 100 milliards d'euros évoqués- est telle qu'il doit se concevoir au niveau européen, le mener à l'échelle nationale n'étant pas envisageable.
La France assure la direction du programme, réparti en sept piliers sous la responsabilité d'un industriel national.
L'avion est ainsi sous la direction de Dassault Aviation, le moteur du français Safran, les drones et le "cloud de combat" d'Airbus Allemagne, les capteurs de l'espagnol Indra et la furtivité d'Airbus Espagne.
La date de 2029 mentionnée jeudi par M. Trappier pour un premier vol de démonstrateur semble marquer un glissement par rapport aux étapes jusqu'alors évoquées pour ce projet extrêmement complexe.
Le démonstrateur était jusqu'ici censé être construit à partir de 2025 et voler deux ans plus tard.
Concurrent du SCAF, le programme Tempest porté par la Grande-Bretagne -l'Italie et la Suède sont également partenaires- a franchi un jalon en juillet dernier quand il a été annoncé qu'un pré-prototype volerait "dans les cinq prochaines années". Nous rapporte France 24.