Déby Itno en Campagne : Conquête et tensions dans le Sud du Tchad
À Moundou, capitale économique et bastion de l'opposition, les traces de la répression demeurent vives.
Dans le Sud du Tchad, Mahamat Idriss Déby Itno, président de transition, intensifie sa campagne électorale en vue de l'élection présidentielle du 6 mai.
Fort de sa nomination à la présidence il y a trois ans par l'armée, le général Déby, âgé de 40 ans, semble être sur le point de remporter l'élection présidentielle. Son ascension vers la victoire est renforcée par l'élimination de ses principaux rivaux, dont Yaya Dillo, et par l'invalidation de nombreuses autres candidatures par un Conseil constitutionnel qu'il a lui-même constitué.
Sous la bannière de la coalition Tchad Uni, regroupant près de 200 partis politiques, Déby poursuit sa campagne dans les régions méridionales du pays. Il y promet le renforcement de la paix, la réconciliation nationale, la réforme de l'État et la construction d'infrastructures de base.
Chacun de ses déplacements est étroitement surveillé par la garde présidentielle, dont il était le chef avant d'accéder au pouvoir, déployée en nombre et lourdement armée.
À Moundou, chef-lieu de la région du Logone-Occidental, majoritairement chrétienne et animiste comme le reste du sud du Tchad, les habitants se sentent souvent marginalisés par le régime majoritairement musulman de N'Djamena.
Dans un stade local en construction, le général Déby doit s'adresser à la foule en fin d'après-midi, rassemblée en grand nombre à bord de pick-up et de bus, sous la surveillance de soldats armés et de véhicules blindés.
Malgré la répression et les tentatives de Déby de consolider son soutien, Moundou a toujours été un bastion de l'opposition. De nombreux leaders opposants y ont émergé, ralliant le soutien de leurs partisans.
Parmi eux, Succès Masra, autrefois farouche opposant, a rejoint la junte en janvier et a été nommé Premier ministre par Mahamat Déby. À la tête du parti Les Transformateurs et candidat à la présidentielle, il tiendra son meeting à Moundou le 28 avril.
La ville, marquée par des décennies de contestations politiques, a été le théâtre de répressions violentes, notamment lors du "jeudi noir" en octobre 2022, où 34 personnes ont perdu la vie lors de manifestations contre la prolongation de la transition.
Aujourd'hui, Moundou semble acquise à la cause de Succès Masra, accueilli chaleureusement par de nombreux jeunes partisans lors de sa dernière visite en décembre 2023.
À la veille du meeting de Déby à Moundou, le dispositif sécuritaire est renforcé, avec des contrôles militaires stricts aux entrées de la ville et une augmentation des patrouilles, illustrant la tension palpable qui règne dans la région.