France: l'historienne et académicienne Hélène Carrère d'Encausse n'est plus
L'Historienne de la Russie tsariste et soviétique, troisième femme membre de l’Académie française, Hélène Carrère d’Encausse est décédée à l’âge de 94 ans, a-t-on appris auprès de sa famille.
Lorsque la petite Hélène naît, à Paris le 6 juillet 1929, la fortune familiale, l’aisance et la prospérité qu’a connues la famille Zourabichvili quelques décennies plus tôt ne sont que des souvenirs, au mieux un horizon de reconquête encore brumeux à l’heure de la pauvreté, lot de ces émigrés qui ont fui la révolution bolchevique.
Riche de grands serviteurs de l’empire Romanov, comme d’esprits contestataires et d’éminents savants, la famille, venue de Géorgie par Istanbul, s’installe en France après l’invasion de la toute récente République démocratique de Géorgie par l’armée soviétique à la fin de l’hiver 1921, moins de trois ans après sa naissance sur les ruines de l’empire tsariste.
Elle s’agrandit avec la naissance, en 1936, de Nicolas, qui étudiera avec Nadia Boulanger et s’illustrera dans la composition tant pour des formations classiques que pour le cinéma, d’Otar Iosseliani notamment.
Très tôt la petite Hélène apprend à lire, le français d’abord puis le russe, se familiarisant très tôt à ces littératures parallèles. Le père, Georges, philosophe diplômé d’économie politique devenu chauffeur de taxi avant de s’essayer à l’import-export, entraîne la famille à Bordeaux, où sa maîtrise de cinq langues se révèle une compétence précieuse.
Mais, travaillant comme interprète pour les Allemands durant l’Occupation, il est enlevé à la Libération et disparaît en octobre 1944, probablement liquidé, comme le suggère son petit-fils, l’écrivain Emmanuel Carrère dans son livre Un roman russe (POL, 2007), évoquant « une tragédie banale ». Selon LeMonde.