E-commerce en Afrique : une avancée discrète mais décisive vers un marché commun (Infographie)
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Alors que le commerce électronique s’impose comme un moteur essentiel de croissance en Afrique, l’Union africaine franchit une étape clé avec l’adoption d’un cadre juridique dédié.
Objectif :
structurer et harmoniser ce secteur stratégique afin d’en maximiser l’impact sur les économies du continent.
Un jalon historique pour le commerce numérique africain
Le 15 février, lors de son 38ᵉ sommet, la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine (UA) a validé les huit annexes du Protocole sur le commerce numérique, finalisant ainsi l’architecture juridique de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) en matière de transactions numériques.
Adopté en février 2024, ce protocole couvre des domaines clés comme l’accès au marché, la gouvernance des données, la confiance des consommateurs et des entreprises, l’inclusion numérique et les technologies émergentes. En octobre 2024, le conseil des ministres de la Zlecaf a finalisé la négociation des huit annexes qui définissent notamment les règles d’origine, les identités numériques, les paiements transfrontaliers et la cybersécurité.
L’entrée en vigueur du protocole dépend désormais de la ratification par au moins 22 États signataires, tandis que le secrétariat de la Zlecaf prépare un plan quadriennal de mise en œuvre, qui sera validé d’ici fin mars 2026.
Un levier économique majeur estimé à 180 milliards de dollars
Le commerce électronique, qui englobe les transactions numériques de biens et services, est un vecteur de développement crucial. Selon une étude Google/IFC, l’économie numérique pourrait ajouter jusqu’à 180 milliards de dollars au PIB africain d’ici 2025.
L’essor du e-commerce offre de nouvelles opportunités aux micro, petites et moyennes entreprises (MPME), en leur permettant d’élargir leur audience, de s’intégrer dans des chaînes de valeur régionales et de stimuler le commerce intra-africain, actuellement limité à 15 % du commerce total du continent (contre plus de 60 % en Asie et en Europe). Il contribue aussi à réduire les disparités entre zones urbaines et rurales en intégrant des régions enclavées.
Un retard persistant sur la scène mondiale
Malgré son potentiel, la participation de l’Afrique au commerce numérique mondial reste limitée. En 2023, les exportations numériques ne représentaient que 24 % du commerce total des services africains, loin derrière l’Asie du Sud-Est (41 %), l’Amérique latine (44 %) et l’Asie du Sud (59 %). L’Afrique ne comptait ainsi que pour 1 % des exportations internationales de services numériques.
L’adoption de ce protocole marque cependant une avancée déterminante, ouvrant la voie à une transformation digitale plus structurée et inclusive sur l’ensemble du continent.