Élections municipales : «Une victoire du camp Erdogan ancrerait la Turquie dans le conservatisme (infographie)
Le 31 mars prochain, les Turcs se rendront aux urnes pour les élections municipales.
Le scrutin est moins anodin qu'il n'y paraît, car c'est à cette dernière échéance en 2019, et une des rares fois en 20 ans de victoires électorales, que le camp présidentiel de Tayyip Erdogan a trébuché, perdant le contrôle de plusieurs grandes villes, notamment Ankara et Istanbul. L'évènement avait donné l'espoir à l'opposition turque de mettre fin au règne de l'homme fort du parti de l'AKP. Il n'en fut rien puisqu'en mai 2023, il triomphait à nouveau, avec une double victoire, aux élections législatives et présidentielles, assurant encore son incroyable longévité politique et gouvernementale jusqu'en 2028. Dès lors, quelle importance accorder aux présentes élections municipales, puisqu'elles ne renverseront pas la table? Ou, justement, les élections de dimanche prochain peuvent-elles être annonciatrices de ce que sera la Turquie de demain ?
Bien que locales et à travers tout le pays, c'est toutefois vers la grande mégalopole d'Istanbul que se focalisent tous les regards.
Car, qui contrôle Istanbul contrôle la Turquie, ou presque. Avec ses 16 millions d'habitants, Istanbul et sa région concentrent l'essentiel de la richesse du pays, en plus d'en être la capitale intellectuelle. Aussi, le contexte, local mais à l'enjeu national, présente des avantages et des inconvénients tant pour le parti d'Erdogan que pour le Parti républicain du peuple dont sont issus les maires actuels des grandes villes, notamment Ankara et Istanbul.
Pour le camp du parti au pouvoir, le contexte économique délicat se révèle être un véritable handicap.
L'inflation reste à un niveau particulièrement élevé, et les Turcs ont du mal à faire face aux difficultés économiques et financières du quotidien. Les retraités, par exemple, qui sont nombreux dans la population turque et constituent une force électorale non négligeable, n'arrivent plus du tout à s'en sortir, malgré la solidarité familiale encore forte en Turquie.
Ils reportent, à juste titre, la responsabilité de leur mal-être économique, sur le parti au pouvoir, l'AKP et accusent son chef, Tayyip Erdogan, de ces résultats désastreux. Aussi, ces mauvaises performances économiques de Tayyip Erdogan risquent de desservir le candidat qu'il a lui-même choisi pour reconquérir la mairie d'Istanbul, Murat Kurum. Par ailleurs, ce dernier, malgré son passé de ministre, souffre d'un défaut de charisme qui renforce son anonymat sur la scène politique intérieure.
L'homme est inconnu du grand public, et c'est Tayyip Erdogan qui fait campagne pour lui. Le constat renversé se vérifie également : Tayyip Erdogan est un rhéteur autant charismatique et énergique qu'il éclipse ses seconds couteaux. Il en a encore fait la démonstration au meeting de dimanche dernier, donnant l'impression qu'il briguait lui-même la mairie d'Istanbul