Élections présidentielles au Sénégal : quel avenir pour ce scrutin ?
Le président Macky Sall doit fixer « dans les meilleurs délais » la nouvelle date de l’élection présidentielle, tandis que les « concertations » qu’il a initiées pourraient bien opérer un changement.
Cette fois, le terme a changé. Le « dialogue national », exercice rituel au Sénégal dont le dernier épisode remonte seulement à juin 2023, a cette fois été rebaptisé « concertations ».
Si leur calendrier et la liste des personnalités qui accepteront d’y prendre part ne sont pas encore connus, certaines sources assurent que des audiences discrètes au Palais de la République ont d’ores et déjà débuté, et que leur ordre du jour portera sur deux sujets, ô combien, sensibles : le calendrier ainsi que les modalités de la prochaine élection présidentielle dont le report a été implicitement acté par le Conseil constitutionnel, rapporte Jeune Afrique.
Alors que celui-ci a rendu, le 15 février, une décision marquant un revirement qualifié d’historique puisque les « Sages » ont censuré une loi constitutionnelle adoptée par l’Assemblée nationale, le pays est désormais suspendu à la mise en œuvre des recommandations formulées par la haute juridiction, laquelle fait office d’arbitre des élections.
Nouvelles surprises ?
Or de nouvelles surprises ne sont pas à exclure. En effet, le Conseil constitutionnel a considéré que reporter la date la présidentielle au 15 décembre 2024 et maintenir le président dans ses fonctions jusqu’à l’installation de son successeur était contraire à la Constitution. Mais il a botté en touche sur deux points capitaux.
Tout d’abord, sur la date à laquelle se tiendra le scrutin – dont l’organisation a déjà pris plus de 15 jours de retard. Dans sa décision, au lieu de recommander un calendrier précis, l’arbitre des élections a invité « les autorités compétentes à la tenir dans les meilleurs délais ».
En découle un flou juridique susceptible de dégénérer en polémique, la définition d’une nouvelle règle du jeu étant désormais laissée à l’appréciation du chef de l’État et de son gouvernement.
Il existe bien une donnée, jusqu’ici sacro-sainte, rappelée par le Conseil constitutionnel dans sa décision : la durée du mandat du président de la République ne saurait être prorogée au-delà des cinq ans prévus par l’article 27 de la Constitution.
En l’occurrence, le second mandat de Macky Sall prendra fin le 2 avril. Mais cette disposition constitutionnelle se heurte au principe de réalité : aucune nouvelle date n’ayant encore été fixée pour le premier tour de l’élection, par quel miracle le successeur de Macky Sall, quel qu’il soit, pourrait-il entrer en fonction avant cette date butoir dans l’hypothèse où la présidentielle se jouerait au second tour ?