Retraites en France: Elisabeth Borne, des propos peu convaincants
La Première ministre française, Élisabeth Borne a affirmé ce mardi que le relèvement de l'âge à 65 ans n'était "pas un totem". Pas de quoi adoucir la position des syndicats reçus ensuite à Matignon.
Le gouvernement continue de progresser en terrain miné à quelques jours de la présentation de sa réforme des retraites.
Reçus à partir de ce mardi à Matignon, les leaders syndicaux se sont dits plus que jamais déterminés à combattre un report de l'âge légal de départ en retraite et se sont montrés dubitatifs sur les mesures censées faire accepter la réforme.
« On ressort de cet entretien à peu près dans la même situation que celle dans laquelle on était en rentrant », a ainsi déclaré le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, qui a ouvert la nouvelle et dernière série de consultations de la Première ministre sur la réforme des retraites.
« Pas appris grand-chose »
Le syndicaliste a expliqué qu'il n'avait « pas appris grand-chose » de sa grosse heure d'entretien avec Elisabeth Borne à sa sortie. Le président de la CFE-CGC, François Hommeril, second à être reçu, non plus. Il a dénoncé le « roman [construit par l'exécutif] de l'existence de problèmes d'équilibre » sur le système de retraite.
Les deux syndicalistes, comme le leader de Force ouvrière, Frédéric Souillot, reçu en toute fin d'après-midi, ont redit chacun leur tour à la cheffe du gouvernement leur opposition au relèvement de l'âge légal de la retraite. Et tous, à l'instar de Laurent Berger, ont « martelé » leur « détermination » à ne pas laisser passer la réforme et à mobiliser aussitôt ses contours connus, ce qui sera fait mardi prochain.
Un minimum contributif à 85 % du SMIC
Les syndicalistes s'attendaient cependant à ce que la cheffe du gouvernement leur donne quelques précisions sur les arbitrages rendus sur les mesures d'accompagnement de la réforme relatives à l'emploi des seniors, aux carrières longues, à la pénibilité ou encore au minimum contributif. Sans grand succès. Même s'il se confirme, selon nos informations, que le minimum contributif (montant de la pension quand on a toutes ses annuités pour avoir le taux plein) sera bien garanti sur la durée à 85 % du SMIC.
La dernière série de consultations d'Elisabeth Borne aura confirmé l'existence d'un « dissensus fondamental » - l'expression est de François Hommeril - entre l'exécutif et les syndicats aux points de vue irréconciliables.
« L'âge de 65 ans n'est pas un totem »
Mardi matin, sur Franceinfo, la Première ministre avait pourtant joué l'ouverture en affirmant que les 65 ans n'étaient « pas un totem » , laissant la porte grande ouverte à un relèvement de l'âge légal de 62 à 64 ans, couplé à une accélération de l'augmentation de la durée de cotisation à 43 ans. Soit l'option proposée par la droite sénatoriale .
« Entre 62 et 64 ans, ça s'appelle un recul [de l'âge de la retraite] », a toutefois insisté Laurent Berger. Une position partagée par ses homologues. Le recul de l'exécutif ce mardi sur une partie du décret de la réforme de l'assurance-chômage n'a pas non plus, loin s'en faut, permis d'adoucir les positions des syndicats.
« Ce que j'aurais aimé, c'est que le président de la République et le gouvernement viennent chercher le consensus social pour pouvoir imposer la réforme à l'Assemblée nationale où il n'a pas de majorité », rêvait tout haut François Hommeril à la sortie de Matignon.
Sur la grève des médecins...
« Ce n’est vraiment pas responsable de faire grève », dénonce la Première ministre Élisabeth Borne sur Franceinfo ce mardi 3 janvier 2023, à propos de la grève en cours des médecins généralistes.
« Je peux entendre qu’ils peuvent rencontrer des difficultés, qu’ils peuvent souhaiter des améliorations. Mais ce n’est vraiment pas responsable de faire grève, notamment dans une période de fêtes où ça a augmenté les tensions sur l’hôpital. Je le dis très clairement, ce n’est pas responsable », a déclaré la Première ministre.
Une « feuille de route » dans les prochaines semaines
Emmanuel Macron devrait s’exprimer sur le sujet « en fin de semaine dans ses vœux aux soignants ». Egalement, le gouvernement présentera « une feuille de route dans les prochaines semaines » pour répondre aux « attentes » des soignants, a ajouté Élisabeth Borne.