Entraînement militaire hors-norme en Méditerranée face à des menaces "composites"
Environ 6.000 militaires français, espagnols, grecs, italiens, britanniques ou américains y ont participé.
La Marine nationale française et des militaires de cinq pays alliés boucleront vendredi un exercice hors-norme en Méditerranée destiné à faire face à des menaces "composites" et au "réarmement à marche forcée" de certains pays, a expliqué jeudi son chef d'Etat-major.
Le porte-avions nucléaire français Charles-de-Gaulle était au coeur de cet entraînement baptisé "Polaris 21" qui s'est déroulé pendant quinze jours sur une zone s'étendant des côtes françaises à la Sardaigne (Italie) et aux Baléares (Espagne).
Il était destiné à pousser les équipes à s'adapter, notamment avant une nouvelle mission du porte-avions français dès février "probablement en Méditerranée", a indiqué l'amiral Pierre Vandier, chef d'état-major interrogé par une poignée de journalistes à bord du Charles-de-Gaulle.
"Aujourd'hui le milieu maritime est contesté ou le sera par des attaques sous-marines, cyber, spatiales" en plus des attaques navales classiques, a-t-il expliqué.
Si depuis 20 ans la plupart des conflits ont eu lieu principalement à terre comme en Syrie, Irak ou Libye, désormais des marines en Méditerranée ou dans le Pacifique "sont en train de s'équiper à marche forcée", a ajouté l'amiral, citant la marine chinoise qui a triplé en 10 ans et dépasse désormais la taille de la marine américaine.
Dans le hangar de réparation du porte-avions français, les traits sont tirés après cet exercice très réaliste où il y avait deux camps, les rouges et les bleus.
"On a voulu jouer le brouillard de guerre: on ne sait pas ce qui va nous tomber dessus", raconte Alex, le chef de secteur du bureau des vols.
"On a été capable de se reconfigurer en des temps très courts", abonde le pilote de chasse Emerand.
Les militaires ont été notamment confrontés à l'éjection forcée d'un pilote en territoire ennemi, qu'ils ont dû sécuriser puis récupérer.
Un des temps forts de Polaris fut la coupure satellite pendant plus de 24h00.
"On ne pouvait plus s'envoyer de mails, de briefs, de carte... d'une certaine manière, c'était un retour dans les années 1980, s'entraîner à communiquer comme des anciens", se souvient Alex.
Pendant l'opération tous ont dû couper leurs téléphones portables à bord: car aujourd'hui avec Twitter, Snapchat, TikTok, on peut trouver une frégate ennemie à la faveur d'un seul matelot qui aurait mal configuré une de ses applications.
"La guerre même au niveau tactique est devenue aujourd'hui complètement composite: les traces numériques que nous laissons sont des outils pour les combattants", a conclu l'amiral Vandier.