Entre le voile et les JO 2024, l’athlète française Sounkamba Sylla face à un choix décisif
La toile s’enflamme par l’affaire de l’athlète française Sounkamba Sylla et le port du voile durant les Jeux Olympiques Paris 2024…
Alors que le ministère a rappelé ses devoirs en matière de laïcité, un débat s’ouvre autour de l’interdiction de signe religieux aux JO pour les sportifs français. Pour être en conformité avec la décision du Conseil d’État de juin 2023, Sounkamba Sylla ne devra plus porter le voile sous le maillot de l’équipe de France.
Le 24 septembre dernier, lors de son passage télévisé sur la chaîne France 3, Amélie Oudéa-Castéra avait affirmé : « Les représentants de nos délégations, dans nos équipes de France, ne porteront pas le voile lors des Jeux olympiques de 2024 ». Une décision claire et nette de la ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques, allant à l’encontre du règlement du Comité international olympique (CIO), qui considère le foulard islamique comme un vêtement culturel et non cultuel, ainsi que de la position du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, qui estime « que personne ne devrait imposer à une femme ce qu’elle doit porter ou non ».
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Le ministère des Sports a récemment été saisi du cas de l'athlète Sounkamba Sylla, qui ne se trouvait pas en conformité avec le principe de neutralité, et a demandé à la FFA de remédier à la situation. Selon nos informations, Sylla sera bien sélectionnée pour les Championnats d'Europe de Rome (7-12 juin).
Une exigence de neutralité qui empêche le port d'un signe religieux ostensible
S'exprimant devant l'assemblée générale du comité olympique français jeudi, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra a consacré plusieurs minutes de son discours à rappeler les règles consacrées au respect de la laïcité en équipe de France, indiquant qu' « un représentant d'une équipe de France est soumis à une exigence de neutralité qui empêche le port d'un signe religieux ostensible » et « qu'une fédération a la capacité d'interdire dans le cadre ou le lieu des compétitions le port de ces signes religieux ostensibles », rapporte l’Equipe.
En fait, ce rappel, qui sur le moment a paru un peu hors contexte, est en lien avec la composition de la sélection pour les Championnats d'Europe (7-12 juin à Rome) et la présence ou non de Sounkamba Sylla dans l'équipe.
« Le ministère a récemment été saisi du cas de l'athlète Sounkamba Sylla qui ne se trouvait pas en conformité avec cette règle de droit lors de ses précédentes compétitions avec l'équipe de France d'athlétisme, précise-t-on du côté du ministère des Sports et des JOP, en référence au 4x400 m des récents Mondiaux de relais. Des échanges ont eu lieu cette semaine entre l'athlète et sa fédération qui lui a signifié qu'elle ne pourrait être sélectionnée aux Championnats d'Europe d'athlétisme qu'à condition de respecter l'obligation de neutralité qui s'impose à elle ».
Pas de référence explicite aux signes religieux dans les textes officiels
Un accord a été trouvé puisque, selon nos informations, Sylla (51''80 sur 400 m cette saison, 2e performeuse française) figurera bien sur la liste des sélectionnés. Des discussions auront lieu à Rome, pour bien expliquer le contexte à l'athlète et lui faire comprendre que la règle ne la vise pas explicitement.
À la fédération, on reconnaît un peu de négligence dans cette affaire, d'autant que le cas s'était déjà présenté aux Championnats du monde de Budapest. Mis à part la charte Éthique et Déontologie de la FFA qui fait référence au respect du cadre républicain, rien dans les textes de la FFA n'a trait pour l'instant aux signes religieux, même si un groupe de travail a été institué sur la question.
Une cagnotte pour aider la sprinteuse lavalloise Sounkamba Sylla
Depuis des mois, une cagnotte a été lancée en ligne pour permettre à la sprinteuse lavalloise Sounkamba Sylla de participer aux Jeux olympiques de Paris 2024. À l'origine de ce projet : des membres de son club d'athlétisme, L2A53. Ils ont décidé de créer un comité de soutien pour aider cette spécialiste du 400m.
Des Mayennais se mobilisent pour aider une athlète lavalloise dans sa quête à la qualification aux Jeux olympiques de Paris 2024. Un comité de soutien vient d'être créé pour permettre à Sounkamba Sylla de réaliser le rêve de tout sportif français : participer à des JO à domicile. C'est l'une des meilleures athlètes françaises aujourd'hui sur 400m et cette jeune mayennaise de 25 ans a décidé de se consacrer à 100% à sa carrière sportive pour se préparer dans les meilleures conditions possibles aux JO. Pour l'aider financièrement dans son projet, une cagnotte en ligne a été lancée. Le comité de soutien de Sounkamba Sylla appelle tous les Mayennais, et notamment les entreprises mayennaises, à y participer.
À seulement 25 ans, Sounkamba Sylla dispose déjà d'un sacré palmarès au niveau international : elle a été sélectionnée dans l'équipe de France du relais 4x400m aux JO de Tokyo en 2021 et elle a participé aux Championnats du monde d'athlétisme à Eugene, aux États-Unis en 2022 et récemment, en août 2023, aux Mondiaux de Budapest en Hongrie. La sprinteuse lavalloise est parvenue à multiplier les sélections en équipe de France d'athlétisme, alors qu'elle a très peu de sponsors et qu'elle travaille parallèlement dans un magasin de bricolage à Nantes.