Espagne: l'impact de la sécheresse sur les réservoirs espagnols
Confrontée à une sécheresse persistante et à une vague de chaleur précoce, l'Espagne manque d'eau. Alors que 80 % de l'eau disponible est utilisée pour alimenter ce "potager de l'Europe", plusieurs voix s'élèvent pour appeler à repenser la gestion de l'or
Une masse d'air chaud et sec venue d'Afrique du nord a entraîné la semaine dernière des records absolus de températures pour un mois d'avril en Espagne continentale avect 38,8 degrés.
Soit des niveaux dignes du mois de juillet. Il s'agit du mois d'avril le plus chaud et le plus sec depuis au moins 1961. Le principal syndicat d'agriculteurs, le Coag, estime que 60% des terres agricoles sont actuellement "asphyxiées" par le manque de précipitations. Les réservoirs du pays - où est stockée l'eau de pluie afin de pouvoir l'utiliser lors des mois plus secs - sont actuellement à moins de 50% de leur capacité, voire un quart dans certains territoires, comme la Catalogne (nord-est) où la situation est extrêmement préoccupante.
Le potager de l'Europe en danger
Dans ce pays souvent surnommé "le potager de l'Europe" puisqu'il exporte une grande partie de sa production agricole, les agriculteurs sont les premières victimes de cette sécheresse historique.
Selon le comité de l'agriculture (Coag), l'un des principaux syndicats agricoles, 60 % des cultures de céréales, non irriguées, sont actuellement "asphyxiées" par le manque de précipitations. "Il s'agit de céréales plantées à l'automne et récoltées au printemps, comme le blé et l'orge", précise Serge Zaka. "À cause du manque d'eau, leur développement a cependant été interrompu avant d'être arrivé à maturité. On ne pourra donc pas les récolter."
"La culture des oliviers, pistachiers et amandiers va aussi certainement baisser. Car même si ces végétaux sont habitués à des climats secs, ils souffrent à des températures trop élevées", poursuit-il. "Côté fruits et légumes, dans les petites exploitations travaillant sans irrigation, les cultivateurs essaient de repousser au maximum le moment de semer en attendant des conditions plus favorables. Mais plus le temps passe, plus cela risque de les amener à sauter la saison".
"Les immenses cultures irriguées du sud de l'Espagne devraient quant à elles être un peu plus épargnées mais, face au manque d'eau et aux restrictions mises en place, leurs exploitants seront certainement aussi contraints de baisser leurs rendements", termine Serge Zaka. En résumé, seules les cultures proches du littoral, et arrosées grâce à l'eau provenant d'usines de dessalement, pourraient finalement parvenir à tirer leurs épingles du jeu.