Euro/Usd : L'euro continue sur sa lancée et pourrait prendre sa revanche sur le dollar en 2023, pourquoi ?
L'Euro a souffert face au Dollar cette année. Mais le rattrapage de la Banque centrale européenne en termes de politique monétaire par rapport à la Réserve fédérale américaine pourrait amener l’euro à reprendre des couleurs au cours de 2023.
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Le roi dollar a un peu souffert en cette fin d’année 2022. Après être passé au-dessus de la parité au cours de l’été face à l’euro, il a concédé du terrain durant les dernières semaines, au point de s’échanger actuellement à 0,9340 euro (*).
Il n’en reste pas moins que sur l’ensemble de 2022, le billet vert a bien bousculé la devise de la zone euro, porté par les relèvements de taux de la Réserve fédérale (Fed) ainsi que par son statut de valeur refuge. Au point d’enregistrer un gain de 6% face à l'euro sur l'année.
La monnaie européenne ne constitue pas un cas isolé. Le dollar s’est apprécié au regard de l’ensemble des grandes devises internationales. L’US dollar index (DXY) qui mesure l’évolution de la monnaie d’outre-Atlantique face à un panier de devises, a progressé de près de 8% sur 2022, selon forex.tradingsat..
La vigueur du dollar pourrait s'estomper
L’année 2023 peut-elle constituer un tournant ? C’est possible. Dans un sondage publié mi-décembre par Bank of America, une très large majorité des gérants interrogés jugeaient le dollar surévalué, au contraire de l’euro. Même s’il faut souligner que, lors de la parution de cette enquête, le dollar s’échangeait à un niveau un peu plus élevé, à 0,9489 euro.
"Nous considérons 2023 comme une année propice à la diversification des positions de change, car la vigueur du dollar devrait s’estomper", estime Vincent Manuel, directeur des investissements chez Indosuez Wealth Management. "La conjugaison d’un revirement de la politique monétaire américain et d’un goût du risque retrouvé pèsera sur le billet vert", juge de son côté SwissLife Asset Managers.
Si la Fed relevait encore ses taux au cours des prochains mois, elle achèverait probablement son cycle de hausses au cours de 2023. Et ce avant la Banque centrale européenne (BCE) qui devrait ainsi rattraper son "retard" sur la banque centrale américaine, ce qui porterait l’euro.
Une BCE plus agressive
D’autant que la dernière réunion de la BCE, mi-décembre, a constitué un électrochoc. Sa présidente, Christine Lagarde, a alors clairement fait savoir aux investisseurs que le marché ne tablait pas sur des hausses des taux suffisamment élevées pour que l’inflation revienne sous les 2% dans la zone euro dans un horizon acceptable. Ce qui a amené bon nombre d’intermédiaires financiers à relever leurs prévisions de "taux terminal", c’est-à-dire le taux que la BCE va atteindre au terme de ce cycle de hausses. Deutsche Bank est par exemple passée de 3% à 3,25%.
"Nous nous attendons à ce que les taux d'intérêt directeurs atteignent un pic en juin 2023 aux États-Unis et augmentent sur une durée plus longue en Europe. Les écarts de rendement vont donc diminuer. Tout ceci plaide en faveur des investissements dans la zone euro", développe le professeur Jan Viebig, co-directeur des investissements chez Oddo BHF, dans une récente note.
"En 2022, le dollar et le franc suisse ont bénéficié de la fuite vers des monnaies supposées stables à la suite du choc d'offre. Nous pensons que ce dernier prendra fin courant 2023. Si cette hypothèse se vérifie, les monnaies refuge de 2022 – le dollar et le franc suisse - devraient se corriger à nouveau et l'euro, s'apprécier", ajoute l’intermédiaire financier.
Pas d'euro à 1,30 dollar
Face notamment à la détermination affichée par la BCE et Christine Lagarde, la banque UBS a révisé le 20 décembre dernier ses prévisions sur l’euro-dollar.
Si la banque suisse s’attend dans les prochains mois à une reprise du dollar face à l’euro, elle serait de courte durée. UBS anticipe un euro à 1,02 dollar à fin mars, contre 96 cents dans ses précédentes projections, et 1,06 dollar actuellement. L’établissement estime que la monnaie unique européenne remontera ensuite à 1,05 dollar fin juin, puis à 1,07 dollar fin septembre et à 1,10 dollar fin décembre 2023, un niveau que l’euro n’a plus atteint depuis avril 2022.
La banque considère que le marché pourrait encore être surpris par l'ampleur des hausses de taux de la Fed au début de l’année, ce qui pourrait permettre au dollar de regagner un peu de terrain.
Néanmoins la bascule pourrait s’opérer à partir du milieu de 2023. Sur la seconde partie de l’année "les marchés pourraient envisager que la Fed opère des baisses de taux alors que la BCE sera toujours en train de combattre l’inflation", anticipe UBS. La balance commerciale de la zone euro, qui évidemment impacte la vigueur de l’euro, devrait s’améliorer au cours de l’année, de même que la croissance mondiale, selon l’établissement.
"Compte tenu de tout cela, nous nous attendons à ce que l'eurodollar remonte quelque peu, mais une hausse vers la juste valeur de 1,30 est selon nous peu probable. Pour l'atteindre, il faudrait un boom de l'économie mondiale avec une forte demande pour les exportations européennes", développe la banque suisse.