Macron face aux divisions européennes sur l'Ukraine
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Le 8 décembre, Emmanuel Macron agissait en médiateur entre le président américain récemment élu et le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors de la réouverture solennelle de la cathédrale Notre-Dame.
Deux mois plus tard, il recevait ses principaux partenaires européens, en urgence, après que le nouveau président américain ait lancé un coup de théâtre en annonçant son intention de négocier seul la paix en Ukraine avec Vladimir Poutine, sans inclure Kiev.
Cependant, les huit dirigeants présents ont montré des divergences concernant l'envoi de troupes européennes en Ukraine pour assurer une paix durable, bien qu'ils aient unanimement reconnu la nécessité de renforcer rapidement la défense européenne face au retrait progressif des États-Unis.
« Emmanuel Macron a eu raison avant les autres »
« Sur tous ces sujets, Emmanuel Macron a eu raison avant les autres », ce qui lui donne du « crédit », vante une source proche du dossier à Paris. En février 2024, le président français avait déclenché un tollé en suggérant l’envoi de troupes en Ukraine afin de dissuader la Russie de toute nouvelle offensive en Europe. Plusieurs pays, du Royaume-Uni à la Suède, l’ont rejoint depuis sur ce sujet. La méfiance que le président français avait un temps récoltée auprès de ses homologues européens par son hyperactivisme sur l’Ukraine semble également balayée.
Dans les premiers mois de la guerre, il avait aussi semé la consternation, en particulier chez les Européens de l’est, par son obstination à vouloir dialoguer avec Vladimir Poutine et ses appels à ne pas « humilier » la Russie. « Il a fait montre depuis d’une évolution assez positive », en recentrant son discours sur le soutien à l’Ukraine, et « d’une compréhension assez similaire à la nôtre de la sécurité collective », relève Lukasz Maslanka, chercheur au Centre for Eastern Studies (OSW) à Varsovie.
« Emmanuel Macron ne panique pas non plus devant Donald Trump, contrairement à l’Allemagne, où cela tient peut-être aux élections qui se tiendront dimanche », ajoute-t-il. Le président français, qui a échangé lundi avec Donald Trump avant et après le mini-sommet de l’Elysée, se garde aussi de surréagir face aux embardées à répétition de son homologue.
« Canard boiteux »
Les Européens de l’est « comptent sur le leadership de la France et du Royaume-uni, les deux puissances nucléaires européennes, pour sécuriser un cessez-le-feu quand il y en aura un », ajoute l’expert polonais.
Mais pour Claudia Major, spécialiste de défense au sein du groupe de réflexion German Marshall Fond, le président français a aussi beaucoup perdu en influence depuis la défaite de son camp aux législatives qu’il avait lui-même convoquées en 2024. « C’est très bien qu’il invite les autres leaders européens. Mais il n’est (plus) un leader naturel en Europe où il est considéré comme 'un lame duck' (canard boiteux) à cause de la situation politique intérieure », considère-t-elle.
Front pro-Trump en construction
Selon elle, personne n’est en mesure d’assurer ce rôle de leader de l’Union européenne sur l’Ukraine aujourd’hui. « Les Britanniques ont aussi des problèmes de politique intérieure et aimeraient bien garder leurs liens (spécifiques) avec les Etats-Unis », relève-t-elle.
La montée d’un front pro-Trump, de Budapest à Rome, se fait aussi sentir. La Première ministre italienne Georgia Meloni a ostensiblement marqué sa différence lundi à Paris sur l’envoi de soldats européens, l’option « la plus complexe et la moins efficace » selon elle, martelant qu’une telle réunion ne devait pas devenir une initiative « anti-Trump ».
Un partenaire de poids en Allemagne ?
Beaucoup ont les yeux rivés sur le probable futur chancelier allemand, le conservateur Friedrich Merz, favori des législatives dimanche, qui a envoyé des signes d’ouverture sur le financement de la défense européenne et les troupes au sol. Toutefois, même victorieux, il aura besoin de plusieurs semaines pour constituer une majorité et former un gouvernement.