Vidéo..Fermeture des instituts de beauté en Afghanistan
Cette décision marque une nouvelle étape dans la politique de répression contre les droits des femmes depuis le retour des talibans au pouvoir en 2021.
Les autorités talibanes ont ordonné ce mardi la fermeture des salons de beauté sur l'intégralité du territoire afghan. Aucune explication quant à la justification de ce bannissement n'a été donnée, les autorités se contentant d'annoncer la fermeture obligatoire de ces salons dans un délai d'un mois.
Il s'agit « d'une énième restriction des libertés publiques des femmes dans le pays », écrit le « Guardian », et d'une nouvelle étape dans la politique de répression contre les droits des femmes menée par les talibans depuis leur retour au pouvoir.
L'un des derniers lieux de liberté et de socialisation
Ces salons représentaient en effet l'un des derniers lieux publics ouverts aux femmes en Afghanistan, après les nombreuses restrictions décrétées par les talibans. « C'était une bonne raison pour se voir, pour rencontrer d'autres femmes et discuter de nos problèmes » relate Sahar, une résidente de Kaboul, pour le « Guardian ».
Ces salons constituaient également une source de revenus cruciale pour de nombreux ménages. Une propriétaire d'un salon explique au journal britannique que l'argent généré par son établissement lui « permettait de subvenir aux besoins de [sa] famille après la mort de [son] mari dans un attentat à la voiture piégée en 2017 », selon lesechos.
Accès de plus en plus réduit à la sphère publique
Cette décision s'inscrit dans la lignée des nombreuses restrictions aux droits des femmes décidées par le régime taliban. Comme le rappelle la chaîne CNN, citant un rapport du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies, l'accès et la participation des femmes aux différentes sphères de la vie publique afghane se sont considérablement réduits depuis 2021.
L'accès des femmes à l'éducation s'est largement dégradé, elles ne peuvent plus fréquenter l'université ni le lycée. La grande majorité des secteurs professionnels leur sont également interdits. Aucune femme n'est autorisée à occuper un emploi dans la fonction publique ou dans une ONG, sauf dans deux secteurs : l'éducation et la santé.
Une discrimination systématique et institutionnalisée
Le quotidien des femmes afghanes est ainsi décrit comme un véritable cauchemar : le rapport cité par CNN souligne l'interdiction pour elles de fréquenter de nombreux lieux publics (salles de sport, parcs publics…) et de quitter leur domicile sans être accompagnées par un homme. Elles doivent se couvrir intégralement d'un vêtement noir lorsqu'elles quittent leur logement. Les mariages forcés et les violences conjugales se sont également multipliés depuis 2021, souligne CNN.
« La discrimination systématique et institutionnalisée contre les femmes et les filles est au coeur de l'idéologie des talibans et de leur régime », conclut le rapport. Une position qui fait écho au désespoir de nombreuses Afghanes : « J'aurais aimé ne pas être né en Afghanistan, ne pas vivre en d'Afghanistan », déplore une habitante de Kaboul.