FFF : Les coulisses de la rencontre Platini-Oudéa-Castéra en pleine crise
Ce vendredi à 18 heures, Michel Platini est attendu dans le bureau d'Amélie Oudéa-Castéra, situé à proximité de la Bibliothèque nationale de France dans le XIIe arrondissement de Paris.
En pleine crise de gouvernance de la fédération française de football, avec les conclusions d'un audit attendues mercredi et qui devraient encore un peu plus conduire Noël Le Graët vers la démission, cette rencontre fait jaser au sein du microcosme footballistique.
Les deux parties l'assurent avec fermeté et sans ambages, il ne sera pas question d'évoquer la question de la succession du dirigeant breton de 81 ans, dont l'avenir au sein de la plus grande fédération sportive de France semble s'écrire au passé.
De quoi la ministre des Sports et la légende du football français vont-elles parler? Interrogée sur ce sujet, Amélie Oudéa-Castéra, rencontrée jeudi en fin de journée, nous développe le fond de sa pensée. Non sans cacher un sourire malicieux, consciente que cet échange fait enrager le clan Le Graët. «
«C'est un hasard de calendrier, souffle-t-elle avec aplomb. J'ai maintenu ce rendez-vous prévu depuis des mois (fin novembre-début décembre), qui a fuité et j'étais la première surprise de cela.
Je vois Michel Platini car il a demandé à me voir. Je n'ai pas bougé la date car j'estime ne pas avoir à le faire.»
Relancée sur les rumeurs faisant étant de discussion pour sonder le champion d'Europe 1984 au sujet du poste de président de la 3F, la ministre se défend de toute ingérence.
«Je ne le rencontre absolument pas parce que j'aurais la volonté ou les velléités de choisir le futur président. Je voudrais faire cela, ce serait la pire des méthodes pour s'y prendre.
Michel Platini est une légende du foot, cela fait partie aussi des plaisirs de ma fonction de pouvoir rencontrer des légendes du sport français. Je vais me régaler de parler avec lui et absolument pas de la présidence de la Fédé de foot.»
Fin du débat ? Si toutes les parties (Élysée, ministère des Sports, Michel Platini) assurent que cette rencontre est un non-sujet, le fait que la ministre rencontre «Platoche» fait parler avec insistance à un moment ou la gouvernance FFF n'a jamais semblé aussi proche du précipice.
Avec une image entachée depuis des semaines entre les accusations de harcèlement moral et sexuel à l'encontre de son président, mais aussi du management brutal de la directrice générale Florence Hardouin.
Interrogée sur une possible candidature de l'ancien numéro 10 des Bleus – qui ne l'a jamais exprimé publiquement – lors de leur échange à venir, Amélie Oudéa-Castéra rétorque. Encore une fois sans se départir de son sourire.
«Si Platini dit qu'il se sent prêt (à se déclarer candidat à la présidence de la FFF), cela lui appartiendra de me le dire et cela m'appartiendra de ne pas y donner plus d'importance, tranche-t-elle. Là encore, il y a des process (en cas de démission de
Le Graët et de son comex, une nouvelle élection pourrait avoir lieu à la FFF), un calendrier, un timing et s'il a envie de le faire, il le fera, mais comme d'autres (candidats éventuels).»
Et «AOC» de s'empresser d'éteindre un éventuel début d'incendie sur une forme d'ingérence de sa part: «C'est lui qui a souhaité me rencontrer. On est à un moment où je m'interdis tout commentaire sur le fond (par rapport à l'audit de la FFF, diligenté par ses soins, dont les conclusions seront rendues publiques mercredi) parce qu'on est dans le cœur du contradictoire et comme il ne m'a pas échappé que la stratégie de défense de Le Graët est d'essayer d'imaginer que je puisse enfreindre telle ou telle chose, je fais un point d'honneur à ne surtout pas sortir de mon couloir.
Je n'ai aucune prétention à être arbitre de quoi que ce soit dans une succession à la présidence du foot. Autant je veux que la gestion de cette crise aille jusqu'au bout.
Après, il y a les outils démocratiques de cette fédération, auxquels je suis très attachée, en plus je viens d'une fédération (FFT), je sais comment cela fonctionne et donc l'attention au fait que, d'abord les instances doivent prendre toutes leurs responsabilités puis que ces temps démocratiques sont hyper précieux et qu'on ne doit pas du tout les préempter mais les laisser aux intéressés, pour moi c'est important.»
Face à cette crise conséquente au plus haut sommet de la FFF, le nom de l'ancien président de l'UEFA entre 2007 et 2015, est murmuré ces dernières semaines en cas de future élection à la présidence.
Ce dernier, qui n'a jamais caché que ce poste ne l'intéressait pas plus que cela, ne s'est pas exprimé publiquement clairement sur le sujet.
Outre son envie profonde, l'accueil du «monde du football» et notamment des membres du comex de la FFF, mais aussi la perspective du procès en appel dans l'affaire du «paiement des 2 millions de francs suisses» (date non définie) restent des éléments à prendre en compte pour ceux qui pousseraient le triple Ballon d'Or (1983, 1984, 1985) à franchir le pas.
Nous rapporte Le Figaro .