France/ affaire Bismuth: Nicolas Sarkozy entame un nouveau chemin
De tous les dossiers judiciaires visant Nicolas Sarkozy, c’est sûrement le plus anecdotique, mais pas le moins symbolique tant il en dit long sur le personnage.
Condamné en première instance à trois ans de prison dont un ferme pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire dite Bismuth, l’ex-président a vu sa peine confirmée par la cour d’appel de Paris ce mercredi 17 mai, tout en lui évitant de passer par la case prison : «La partie ferme sera aménagée sous surveillance électronique à domicile.»
Mais avec en sus trois ans de privation de droits civiques – de voter, d’être candidat ou «d’assister une personne devant la justice», rapporte Libération.
Avocat, Me Sarkozy devra donc se contenter de donner des conseils, sans possibilité de plaider.
Les deux autres prévenus, l’avocat Thierry Herzog et le magistrat Gilbert Azibert, ont écopé des mêmes peines. Avec des attendus saignants prononcés par la présidente de la cour d’appel, Sophie Clément.
Contre le trio mais surtout le plus célèbre d’entre eux : évoquant «des arrangements occultes destinés à bénéficier à des intérêts privés […], d’autant plus graves car commis par un ancien président de la République, garant de l’indépendance de la justice, qui avait le devoir de se comporter en citoyen parfaitement respectable».
Les conseils des trois hommes ont annoncé un pourvoi en cassation ce mercredi. La décision rendue est ainsi suspendue.
Bismuth est le désormais célèbre nom d’emprunt utilisé téléphoniquement en 2014 par Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog, sachant manifestement leur ligne habituelle sur écoute dans le cadre de l’enquête libyenne.
Ils échangent très librement sur une antique affaire, Bettencourt, dans laquelle ses agendas présidentiels avaient été saisis, espérant que la Cour de cassation les lui restitue. Ils comptent manifestement sur l’influence, réelle ou supposée, du juge Azibert, lui faisant miroiter en retour une gratifiante nomination à Monaco : «Je l’aiderai», atteste alors Sarko.
En matière de corruption ou de trafic d’influence, peu importe la réalité des démarches, la seule intention de les commettre suffit à qualifier le délit. «Certes, les actes accomplis n’ont pas eu les conséquences prévues», relève la cour d’appel – Azibert n’étant finalement pas promu sur le Rocher. Mais elle insiste sur «la gravité de l’atteinte à nos institutions».