France/carburant : le gouvernement hausse le ton et appelle à la levée immédiate des blocages
Elisabeth Borne a haussé le ton lundi soir face aux syndicats et aux directions des raffineries de pétrole bloquées en France, lors d’une réunion d’urgence à Matignon.
Aucune décision n’a été annoncée sur les mesures que pourrait prendre l’exécutif en cas de poursuite des blocages mais en fin de journée lundi, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, avait brandi la menace de «réquisitions» pour approvisionner les stations-service.
Sur RTL mardi matin, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a franchi un cran supplémentaire dans la menace, demandant la levée des blocages «sans délai».
«Un grand nombre de stations connaissent des pénuries de carburant», a-t-il justifié, utilisant un mot jusqu’alors banni du vocabulaire de l’exécutif qui a minimisé la crise toute la semaine dernière.
Le gouvernement «se réserve la possibilité d’intervenir», a insisté Véran.
Selon les derniers chiffres du ministère de la Transition énergétique publiés dimanche, près d’un tiers des stations françaises sont encore affectées par des pénuries de carburant provoquées par les blocages de raffineries de TotalEnergies et d’Esso-ExxonMobil, avec de très fortes disparités selon les départements.
Grève à ExxonMobil : Les grévistes déterminés à aller au bout de leur grève
Les grévistes réclament des hausses de salaires pour répondre à l’inflation et partager les superprofits engrangés par les groupes pétroliers en pleine crise de l’énergie.
«Un désaccord salarial ne justifie pas de bloquer le pays. Refuser de discuter, c’est faire des Français les victimes d’une absence de dialogue, a commenté lundi soir l’entourage de la Première ministre. Le gouvernement ne peut laisser le pays être bloqué».
Le gouvernement, qui a autorisé le recours aux stocks stratégiques et assoupli les conditions de travail des transporteurs routiers «continuera de prendre les mesures facilitant l’approvisionnement des stations comme il le fait depuis plusieurs jours», mais «chacun doit prendre ses responsabilités. Le gouvernement prendra les siennes».
En dépit d’appels répétés du gouvernement à négocier sur les salaires et à cesser les blocages, la CGT et la direction de TotalEnergies ne sont pas parvenues à s’entendre.
La grève se poursuit aussi dans les deux raffineries françaises d’Esso-ExxonMobil, après une réunion avec la direction qualifiée de «non-concluante» par Christophe Aubert, délégué syndical central CGT.
Selon un participant à la réunion à Matignon, le scénario privilégié par le gouvernement serait que les négociations engagées chez Esso-ExxonMobil incitent TotalEnergies à aller à son tour vers des discussions, en saisissant la perche tendue par les appels syndicaux à négocier. Les blocages pourraient dès lors cesser, selon l'AFP.