France : Les champs de lavande de Provence menacés par des chenilles invasives
Une chenille invasive sème la zizanie dans les champs de lavande du sud de la France.
Un fléau qui menace à la fois la production et le tourisme, rapporte BFMTV.
Des champs de lavande qui passent du bleu au gris. C'est un des symptômes visibles d'une invasion de chenilles qui bouleverse les producteurs du sud de la France depuis quelques semaines.
Une espèce invasive, des chenilles noctuelles, dont les larves ont été pondues par des papillons en provenance d'Afrique, transporté par le Sirocco, ce vent venant du Sahara, également connu pour ces nuages de sable.
Nouveau fléau
Un nouveau fléau après la sécheresse de l'an dernier et la guerre en Ukraine pour les nombreux producteurs du sud de la France, dans les Alpes-de-Haute-Provence, la Drôme ou encore le Vaucluse. Un phénomène qui n'est toutefois pas nouveau, mais inédit par son ampleur sur cette fleur emblématique de la Provence.
"Ce n'est pas la première année mais c'est la première année avec une telle intensité. On avait déjà eu des épisodes en 2018 et 2019. On avait vu les papillons, donc on savait que les chenilles allaient arriver et on avait sauvé une grosse partie de la récolte", explique à Franceinfo Alain Aubanel, lavandiculteur et président Drôme-Ardèche des producteurs de plantes à parfum.
Mais, ce coup-ci, les pièges à phéromones n'ont pas vraiment fonctionné: des tests ADN sont menés pour savoir s'il s'agirait d'une nouvelle espèce de noctuelles.
Quelles conséquences économiques?
En à peine cinq jours après l'éclosion des larves, les chenilles ont parfois tout simplement ravagé les cultures concernées:
"Dans la Drôme, dans le Diois, le Haut-Diois, il y a beaucoup de casse, dans les Baronnies, c'est vraiment une catastrophe, selon les parcelles, on va de 20 à 100 % de pertes", précise Alain Aubanel.
La filière lavandière concerne pas moins de 3300 agriculteurs en France et emploie directement 9000 personnes, d'après Le Figaro. En outre, d'autres cultures pourraient être touchées: rassasiées de lavande, les chenilles s'attaqueraient ensuite aux plantations de tomates, de sauge, de maïs, de luzerne ou encore de pois chiche.
Difficile d'estimer les pertes financières pour le moment: certains producteurs de lavande craignent que la plante soitenitère dévorée.
"On aurait préféré avoir la grêle, car avec la grêle, vous perdez la récolte, mais vous ne perdez pas la plante.
Je vois bien que les gens viennent sur le plateau d’Albion et de Valensole pour les lavandes, maintenant qu’est-ce qu’ils vont venir voir ?", témoigne un producteur dans un reportage de France 3 Drôme.
Si les stocks de lavande sont assez importants pour éviter une pénurie des produits associés, des conséquences sur le tourisme sont ainsi à prévoir, mais aussi sur l'apiculture, avec une production limitée de miel de lavande.
Dans ce contexte, des producteurs comme Rudy Usseglio, acteur majeur du secteur, lancent un SOS. Il réclame "des aides de l'Etat, mais aussi des facilités des banques et des allégements de cotisations de la mutualité sociale agricole.
Et, surtout, un geste des industriels qui achètent nos produits trois fois moins cher depuis trois ans".