France/Retraites: quelle option pour sauver le système par répartition ?
Dans les éléments de langage martelés par l’exécutif, tout laisse à penser qu’il n’y a pas d’autres solutions : pour « sauver » notre système de retraites, « on doit progressivement travailler plus longtemps ».
Les opposants à la réforme reprochent, en substance, à Emmanuel Macron et à Elisabeth Borne de noircir le tableau pour justifier des mesures douloureuses, qui pénalisent les plus modestes et ne mettent à contribution que les actifs, alors qu’il y a d’autres solutions.
Quel est l’état des lieux, tout d’abord ? Le dernier rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR), publié en septembre 2022, montre que les perspectives ne sont pas bonnes, même si elles « ne valident pas le bien-fondé des discours qui mettent en avant l’idée d’une dynamique non contrôlée des dépenses de retraite ».
Il y a bien un déficit, installé « durablement » et qui « n’est pas négligeable », commente l’économiste Antoine Bozio dans un post de blog publié le 7 décembre 2022. « Pour autant, il ne s’agit pas d’un déficit explosif », nuance-t-il.
D’autant que d’autres remèdes existent. Plusieurs leaders syndicaux l’ont redit, le 3 janvier, à l’issue de rencontres bilatérales avec Elisabeth Borne à Matignon.
Le problème n’impose pas de se soumettre à la règle des 64 ans ou des 65 ans et peut être « traité » différemment, par exemple en développant « l’emploi des seniors », a indiqué Laurent Berger, le numéro un de la CFDT.
Cela passe notamment par des politiques de formation renforcées tout au long de la carrière et par de nouvelles pratiques managériales, qui s’abstiennent de flanquer à la porte des collaborateurs âgés.
Trouver de nouvelles recettes en jouant sur les prélèvements sociaux constitue également une solution, qui a d’ailleurs été employée dans de précédentes réformes (en 1993 notamment, sous le gouvernement d’Edouard Balladur).
Des organisations de salariés plaident en ce sens tout comme une partie des économistes, parmi lesquels Michaël Zemmour, maître de conférences à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne.
Celui-ci mentionne plusieurs options, dans une note de blog mise en ligne début décembre 2022 sur le site du magazine Alternatives économiques : abandonner les exonérations de prélèvements sociaux sur les salaires supérieurs à 2,5 smic (leur impact sur l’emploi étant jugé très faible), soumettre l’épargne salariale à des contributions d’assurance-vieillesse, majorer légèrement les cotisations sociales…
Dans cette foire aux idées, Terra Nova milite pour une voie moyenne, à équidistance des deux camps qui s’affrontent.
Ce cercle de réflexion a publié, le 22 décembre 2022, une note qui préconise de demander un effort « raisonnable » aux actifs, aux retraités et aux entreprises : report de l’âge légal à 63 ans, revalorisation des pensions à un rythme inférieur à l’inflation pour les retraités percevant au moins 2 000 euros, suppression de certaines exonérations de cotisations accordées aux employeurs. Selon LeMonde.