France/Retraites : les opposants à la réforme battent le pavé pour la 14e journée de mobilisation
Les syndicats appellent à une nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites, ce mardi 6 juin.
Cette journée d'action intervient quelques jours après la publication des premiers décrets d'application, et à l'avant-veille d'une tentative mal engagée de porter un coup politique à la réforme à l'Assemblée nationale. Les organisations représentatives des salariés se montrent prudentes quant à la participation des salariés, laissant poindre la fin du mouvement social.
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Va-t-on assister ce mardi à l'extinction du mouvement social contre la réforme des retraites ? Les syndicats appellent ce mardi 6 juin à une 14e journée de mobilisation aux allures de chant du cygne. Et pour cause, les organisations syndicales se montrent prudentes quant à la participation des salariés à cette nouvelle journée de protestation. « Ca ne sera pas du niveau des plus hautes mobilisations », anticipe Céline Verzeletti, secrétaire confédérale CGT. « Il y aura peu de grévistes », en tout cas dans l'Education nationale, reconnaît Benoît Teste (FSU), évoquant une « fin de cycle ».
Si l'intersyndicale affirme ne pas « tourner la page », certains semblent avoir acté sa défaite. « Bien sûr que le texte s'appliquera le moment venu », a affirmé la semaine dernière le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, qui quittera ses fonctions le 21 juin.
Dans le détail, les autorités attendent ainsi entre 400.000 et 600.000 personnes sur 250 points de rassemblements, dont 40.000 à 70.000 dans la capitale. Côté transports, le trafic SNCF est « très légèrement perturbé » avec « neuf trains sur dix » en moyenne. Il est « normal » en Ile-de-France sur l'ensemble du réseau de la RATP. Un tiers des vols sont annulés au départ de Paris-Orly.
Deux premiers décrets d'application publiés
A Paris, la manifestation partira des Invalides à 14 heures en direction de la place d'Italie. Les syndicats tiendront leur point presse devant l'Assemblée nationale, marquant symboliquement le lien avec la journée du jeudi 8 juin, au cours de laquelle sera examinée une proposition de loi du groupe Liot visant à abroger la réforme.
Avec 14 journées de grèves et de manifestation au compteur, force est de constater que le mouvement, qui a réuni à plusieurs reprises plus d'un million de manifestants selon la police, égale désormais en nombre de journées d'action celui de 2010. Néanmoins, cela n'a pas suffi à ébranler l'exécutif. Ce dernier a usé avec la majorité de tous les outils constitutionnels à sa disposition pour faire passer son projet.
Deux premiers décrets d'application de la réforme sont parus dimanche au Journal officiel, dont celui portant progressivement l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Sophie Binet de la CGT a fait savoir que son syndicat traquerait toute « faille juridique » pour attaquer les 31 décrets. Le président de la CFE-CGC, François Hommeril, a lui aussi pointé lundi 5 juin sur France Inter des décrets « peu cohérents, mal écrits », qui pourraient donner lieu à des contestations juridiques.
Séance agitée à l'Assemblée en perspective
Jeudi, la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet devrait dégainer l'article 40 de la Constitution, lors de l'examen de la proposition du groupe Liot. Cet outil interdit aux parlementaires de déposer des amendements ayant pour effet de diminuer les ressources ou d'aggraver les charges publiques. Objectif affiché, déclarer irrecevables des amendements visant à restaurer l'article-clé de la PPL Liot, supprimé en commission des lois.
« Si le gouvernement invoque l'article 40, ce sera un pur scandale démocratique », a dénoncé dimanche la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, « très inquiète de la montée de l'extrême-droite ». Dans une tribune publiée lundi dans Le Monde, la gauche et les députés Liot ont appelé Yaël Braun-Pivet à laisser vivre la PPL, invoquant le risque d'un « accroissement de la colère et de la violence ». Le débat doit se tenir « dans le cadre démocratique et le respect de la Constitution », a de son côté affirmé le président de la République Emmanuel Macron, en marge d'un déplacement au Mont-Saint-Michel.
L'intersyndicale, qui n'a pas prévu de se réunir mardi soir, n'a pas encore fait connaître sa stratégie en cas d'échec de la PPL Liot. « Les suites dépendront du niveau de la mobilisation mardi et du vote le 8 juin », a déclaré Sophie Binet, assurant que « rien n'est écrit d'avance pour la CGT ». Rapporte La Tribune