Climat : Greenpeace traîne la Norvège en justice pour ses projets de forage de pétrole et de gaz
Greenpeace ne désarme pas. Déboutées dans le passé pour une plainte similaire, la branche nordique de Greenpeace et Natur og Ungdom traînent à nouveau l’Etat norvégien devant les tribunaux pour violation des droits humains et de la Constitution.
Les deux ONG environnementales protestent contre le développement prévu de trois nouveaux gisements pétroliers, Tyrving, Breidablikk et Yggdrasil, auquel Oslo a donné son aval.
« Le gouvernement norvégien est arc-bouté sur l’ouverture de nouveaux champs pétroliers qui généreront des carburants fossiles pendant des décennies à l’avenir », a fustigé le leader de Greenpeace Norvège, Frode Pleym, dans un communiqué. « Il ignore de manière flagrante le climat, la science et même notre propre Cour suprême dans ses efforts pour plaire à l’industrie pétrolière », a-t-il ajouté.
Premier fournisseur de gaz en Europe
Le ministère du Pétrole et de l’Energie a donné son feu vert mercredi à 19 projets pétroliers et gaziers d’une valeur totale supérieure à 200 milliards de couronnes (17 milliards d’euros). Ces projets prévoient l’extension de champs d’hydrocarbures existants et des investissements pour augmenter le taux de récupération d’hydrocarbures mais aussi la mise en exploitation de nouveaux gisements, dont Yggdrasil porté par le groupe Aker BP. Tyrving, également piloté par Aker BP, et Breidablikk, exploité par le géant Equinor, avaient, eux, reçu des autorisations antérieures, selon 20minutes.
Pour justifier sa décision, le gouvernement a invoqué l’emploi, le développement des compétences mais aussi la nécessité que la Norvège, devenue le plus gros fournisseur de gaz pour l’Europe l’an dernier dans le sillage de la guerre en Ukraine, puisse continuer à fournir le continent en énergie.
En décembre 2020, la Cour suprême norvégienne avait débouté Greenpeace et Natur og Ungdom qui réclamaient l’annulation de l’attribution en 2016 de dix licences d’exploration pétrolière en mer de Barents, dans l’Arctique. La plus haute instance judiciaire du pays avait estimé que l’article 112 de la Constitution garantissant à chacun le droit à un environnement sain ne pouvait être invoqué que si l’Etat échouait à endosser des responsabilités environnementales et climatiques, ce qui n’était pas le cas selon elle.
Cette fois-ci, les deux ONG affirment que les études d’impact climatique des trois futurs champs pétroliers sont « soit inexistantes soit hautement inadéquates » et que l’Etat norvégien viole l’obligation de préserver les intérêts des enfants garantis par la Constitution et par la Convention internationale des droits de l’enfant. Le ministère du Pétrole et de l’Energie estime, lui, que ses décisions ne sont pas anticonstitutionnelles. « Le gouvernement respecte ses engagements après le traité de Paris » sur le climat, a réagi le secrétaire d’Etat, Andreas Bjelland Eriksen.