Sommet de Paris : la réforme du FMI et de la Banque mondiale en débat
Les institutions de Bretton Woods issues de la Seconde Guerre mondiale doivent concilier aide aux pays pauvres et lutte contre le réchauffement climatique.
Faire plus et prendre plus de risque. Tel pourrait être le « mantra » du sommet de Paris pour un nouveau pacte financier mondial qui se tient ce jeudi au palais Brongniart.
La Banque mondiale, le Fonds monétaire international mais aussi les banques multilatérales de développement vont devoir changer de braquet et de méthodologie pour concilier la lutte contre la pauvreté et le réchauffement climatique dans les pays du Sud.
Prendre des risques
Les dirigeants des bailleurs de fonds multilatéraux, les Etats actionnaires et les agences de notation de crédit sont trop frileux en matière de risques financiers. Une plus grande tolérance au risque permettrait pourtant de libérer à moyen terme des centaines de milliards de dollars. « Comment ces banques-là, à partir de l'argent public qu'on leur a donné comme capital de départ, vont être capables de démultiplier ce capital initial ? » s'interroge-t-on à l'Elysée.
Une première étape a été franchie à la Banque mondiale lors de son assemblée du printemps dernier . Ses actionnaires ont assoupli sa politique de prêt. Avec la modification du ratio de ses prêts rapporté à son capital, elle va libérer une capacité de prêt supplémentaire de 50 milliards de dollars pour les dix années à venir, selon lesechos.
A Paris, les dirigeants de la Banque mondiale devraient aussi appeler les pays donateurs à se montrer plus généreux lors de la 21e reconstitution des fonds de l'agence internationale de développement, filiale de l'institution spécialisée dans les prêts et les dons aux pays les plus pauvres. Le but est de battre le record de 93 milliards de dollars qui avait été atteint pour la période triennale s'achevant en juillet 2025.
Blocage juridique
Côté Fonds monétaire international (FMI), les capitaux sont là depuis l'augmentation de capital de 650 milliards de dollars de l'été 2021. Les pays du G20 se sont engagés à redistribuer une partie de ces réserves sous forme de droits de tirage spéciaux (DTS) vers les pays pauvres à hauteur de 100 milliards. Les capitaux doivent être reversés au fonds pour la résilience et la durabilité, créé en octobre 2022 pour les pays les plus démunis. Mais des détails juridiques bloquent l'opération pour partie. Il s'agira à Paris de les lever pour atteindre véritablement ce montant de 100 milliards. Dans un cas comme dans l'autre, il faut aller plus loin pour augmenter les financements du développement et du climat.
Changer les mentalités
Les réformes envisagées concernent aussi le mode opératoire de ces institutions. Il s'agit d'évoluer sur l'analyse de la vulnérabilité des pays en prenant en compte le développement durable. Le temps où le FMI appliquait les mêmes solutions pour redresser un pays quel qu'il soit est révolu.
Dans ses analyses sur la soutenabilité de la dette, le Fonds devrait ainsi tenir compte d'autres éléments que la seule composante financière de la dette (taux d'intérêt, remboursement, recettes publiques et revenu d'exportation). « Il faut partir de la réalité du pays qui établirait sa propre feuille de route de développement pour ensuite déployer les instruments du FMI et des banques multilatérales de développement adéquats afin d'opérer les investissements nécessaires », indique l'Elysée. C'est ce qui a été fait pour l'Afrique du Sud concernant son plan de sortie du charbon, souligne l'Elysée.
Il importe aussi de ne plus travailler chacun dans son coin. « Depuis 2015, nous avons travaillé en silo. Il est temps que les investisseurs privés, les agences de notations et les banques publiques de développement communiquent entre eux. A Paris, il faut dégripper la rotule liant banque publique de développement et finance privée », explique Rémy Rioux, le directeur général de l'Agence française de développement (AFD). Les grandes institutions de développement ont deux jours pour convaincre.