Hamas, Hezbollah, JIP... Qui sont ces groupes armés en conflit avec Israël ?
Si Israël est en guerre contre le Hamas à Gaza depuis l'attaque sur son sol, le 7 octobre, un nouveau front s'ouvre à la frontière avec le Liban (au nord).
Bien que le Hamas ait été responsable de l'attaque en Israël le 7 octobre dernier, il est actuellement la principale force militaire confrontée à l'État israélien. Cependant, d'autres groupes sont également impliqués dans ce conflit, notamment le Hezbollah libanais.
Dès le 9 octobre, le Hezbollah libanais passe à l'offensive en tirant des roquettes en direction de l'État hébreu. Dans la nuit du dimanche 22 au lundi 23 octobre, l’armée israélienne a visé les forces du mouvement pro-iranien dans le sud du Liban, et plus de 20 000 personnes ont été déplacées au pays du Cèdre après une intensification des affrontements à la frontière. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui a réuni son cabinet de guerre dimanche soir à Tel-Aviv, a prévenu que le Hezbollah ferait "l'erreur de sa vie" en entrant en guerre contre Israël.
À Gaza, le Hamas est épaulé par des combattants des terroristes deuxième faction armée de la bande de Gaza, et en première ligne depuis une trentaine d’années dans la lutte contre Israël.
Hamas, Hezbollah... Quelles réalités et enjeux se cachent derrière ces noms ?
Le Hamas
Ce mouvement palestinien, qui a signé les actes terroristes perpétrés le 7 octobre dernier en Israël, est l'acronyme de "Harakat al-mouqawama al-islamiya". De son nom complet Mouvement de résistance, il est désigné comme une organisation terroriste par l’Union européenne, les États-Unis et le Royaume-Uni.
Fondé en 1987 par des membres du mouvement islamiste des Frères musulmans dans le contexte de la première Intifada, révolte contre l'occupation israélienne à Gaza et en Cisjordanie, la résistance palestinienne est alors incarnée par le Fatah de Yasser Arafat, plus important parti de l'Organisation de libération de la Palestine, d’inspiration socialiste, et ennemi du Hamas. La première Intifada a débuté en décembre 1987 et s'est terminée en septembre 1993 avec la signature des premiers accords d'Oslo.
En 2007, après des élections législatives remportées un an plus tôt par des candidats soutenus par le Hamas et une guerre civile entre les islamistes et le Fatah, le Hamas s'empare du pouvoir par la force dans la bande de Gaza, conduisant Israël, avec le soutien de l'Égypte, à mettre en place le blocus de l'enclave, toujours en vigueur.
Dans la première version de sa charte fondatrice, le Hamas s’engage à libérer les Territoires palestiniens occupés et prône la disparition de l’État d’Israël. La violence armée est alors considérée comme inhérente à cette lutte.
Les brigades Ezzedine al-Qassam al-Qassam, branche armée du Hamas créées en 1991 et menées par Mohammed Deif - à l'origine du lancement de l'opération "Déluge d'Al-Aqsa" contre Israël le 7 octobre -, sont inspirées des fedayin, groupes armés palestiniens nés dans les années 1950 concomitamment à la création de l'État d'Israël.
Développant dès le début de leur histoire des tactiques terroristes contre l'État hébreu, le groupe armé commet un premier attentat-suicide en 1993. Un événement qui fait suite aux accords de paix d’Oslo qui posent les premiers jalons d'une résolution du conflit israélo-palestinien. Ces attentats-suicides, première arme contre l’accord de paix, seront au cœur d'une tactique par la suite régulièrement observée lors de la deuxième Intifada (2000-2005).
Avec le temps, les brigades Al-Qassam se renforcent, notamment à Gaza, et deviennent la force paramilitaire armée et entraînée d'aujourd'hui, capable de se déployer sur terre, mais aussi dans les mers et dans les airs, comme ce fut le cas lors de l'attaque du 7 octobre dernier qui a fait au moins 1 400 morts en Israël, dont une large majorité de civils.
Selon les propos du général de division Yaakov Amidror, ancien commandant des Forces de défense israélienne (FDI) relayés par la BBC, le Hamas compterait sur "environ 30 000 soldats", dont des plongeurs, des parapentistes et des opérateurs de drones.
"Beaucoup ont été surpris par les 'performances' du Hamas", analyse Pierre Berthelot, directeur de la revue Orients stratégiques, et chercheur associé à l'Institut Prospective et Sécurité de L'Europe (IPSE), auprès de France 24. "Il y a eu une 'Hezbollahisation' du Hamas, qui s'est rapproché de plus en plus du Hezbollah dans sa manière de fonctionner".
Le Hezbollah
Basé au Liban, le Hezbollah est l'un des mouvements islamistes les plus importants du Moyen-Orient, disposant d'une branche militaire puissante. Mais il dirige également des médias, un vaste réseau de services sociaux comprenant des cliniques et des écoles, mais surtout un parti politique dont l'influence est décisive.
Les relations entre le Hezbollah et la faction palestinienne Hamas ne sont pas des meilleures, le Hamas découlant du mouvement sunnite des Frères musulmans, tandis que le Hezbollah, chiite, tire son idéologie de la révolution iranienne.
Ennemi d'Israël, qui considère le groupe comme la plus grande menace à sa frontière, le Hezbollah ("Parti de Dieu"), a été créé par les Gardiens de la révolution iraniens en 1982 pour lutter contre les forces israéliennes qui étaient entrées sur le territoire libanais.
Après l'attaque du 7 octobre et la riposte israélienne sur Gaza, le Hezbollah revendique des tirs sur des positions israéliennes depuis le Liban, faisant planer la menace de l'ouverture d'un "deuxième front" contre Israël.
Le Hezbollah a échangé des tirs avec les forces israéliennes dans le cadre de la plus grave escalade à la frontière libano-israélienne depuis 2006, lorsque le Hezbollah et Israël se sont livrés une guerre.
Depuis le conflit israélo-libanais de 2006 (aussi appelé "Guerre des 33 jours"), l'arsenal du Hezbollah s'est élargi et ses combattants ont participé à la guerre civile syrienne aux côtés du président Bachar al-Assad.
Considéré comme un groupe terroriste par l'État hébreu, les États-Unis et d'autres pays et organisations telles que la Ligue arabe, le Hezbollah a formé des groupes paramilitaires en Syrie et en Irak et a inspiré d’autres forces armées à l'instar des Houthis, alliés à l’Iran, au Yémen.
Bien que des fractures idéologiques les aient menés à s'affronter lors de la guerre civile syrienne, Hezbollah et Hamas se retrouvent autour d'un objectif commun : détruire Israël et s’opposer à toute normalisation des relations entre l'État hébreu et les États arabes ou musulmans.
Aussi, auprès du Guardian, Matthew Levitt, du Washington Institute for Near East Policy, explique que bien qu’il n’y ait aucune preuve d’une implication directe du Hezbollah, certains experts voient son influence dans les attaques perpétrées par le Hamas en Israël le 7 octobre. "Il ne fait aucun doute que le Hamas a bénéficié de la contribution du Hezbollah. C’était tout droit sorti du manuel du Hezbollah."
JIP
Moins puissant que le Hamas, le JIP, formé en Égypte puis dans la bande de Gaza, se définit comme une organisation nationaliste et un mouvement de libération. Placé lui aussi sur la liste officielle des organisations terroristes de plusieurs pays - dont les États-Unis, l'Union européenne, le Canada, le Royaume-Uni, le Japon, l'Australie et Israël - le groupe dispose de sa propre branche armée, les Brigades Al-Qods, dont les membres ont participé, aux côtés du Hamas, à l'attaque du 7 octobre contre Israël.
Le Council on Foreign Relations, groupe de réflexion indépendant basé à New York, rappelle toutefois que, bien que les terroristes et le Hamas opèrent à Gaza et qu'ils soient tous deux financés par l’Iran, avec qui ils entretiennent des liens étroits, ils fonctionnent de manière indépendante.
Né d'un schisme au sein des Frères musulmans, jugés trop modérés, le JIP a été créé en 1981 par Fathi Shaqaqi et Abdelaziz Awda, qui, d'emblée, ont donné le ton : cette nouvelle organisation aura pour but de lutter pour la souveraineté et l'établissement d'un état islamique en Palestine et la destruction d'Israël.
Selon le Centre national de lutte contre le terrorisme du gouvernement américain, depuis sa création, la faction armée est devenue la deuxième force, après le Hamas, dans la bande de Gaza et reçoit le soutien de l'Iran, de la Syrie et du Hezbollah, selon france24.
Tandis que le Hamas dirige Gaza, les terroristes n'agit, quant à lui, qu'à travers le recours aux armes. Il est d'ailleurs généralement perçu comme plus radical que le Hamas dans son combat armé contre l'État hébreu.
À Gaza, en revanche, la cote du JIP aurait considérablement décliné en raison de ses affrontements militaires et des échecs de tirs de roquettes passés, qui ont fait des victimes palestiniennes.
Dernièrement, l'armée israélienne, citant des images de drones comme preuve, a déclaré que l'explosion meurtrière à l'hôpital Al-Ahli de Gaza avait été provoquée par une roquette défectueuse tirée depuis Gaza par les terroristes. Une version corroborée par des sources militaires américaines et européennes, mais niée par le groupe armé, qui accuse l'État hébreu d'en être à l'origine.