Interview - Ali Zghoud : Ennahdha est submergée par la corruption… Ses dirigeants sont politiquement condamnés”
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Dans un entretien exclusif accordé à Al-Ain News, Ali Zghoud, président du bloc parlementaire Liyantaçir Echaâb au Parlement tunisien, dresse un constat accablant de la situation du mouvement Ennahdha.
Il révèle l’implication de ses dirigeants dans des affaires aux ramifications profondes, allant du terrorisme à la corruption financière et politique.
Selon lui, Ennahdha se retrouve aujourd’hui isolée sur le plan judiciaire comme sur le plan populaire, et son avenir politique semble inexorablement scellé. Il revient également sur les liens occultes du mouvement avec des services de renseignement étrangers et son rôle présumé dans des tentatives de déstabilisation de plusieurs pays arabes.
“Ennahdha fait face à une impasse judiciaire et politique”
Al-Ain News : Quelle est votre évaluation de la situation judiciaire du mouvement Ennahdha et de ses dirigeants ?
Ali Zghoud : Les dirigeants d’Ennahdha sont impliqués dans des affaires d’une gravité extrême, allant du terrorisme au complot contre la sûreté de l’État, en passant par la gestion d’une organisation secrète, les assassinats politiques et le recrutement de combattants étrangers.
À cela s’ajoutent des dossiers de corruption financière et de lobbying étranger, qui continuent de les poursuivre. Si plusieurs condamnations lourdes ont déjà été prononcées, certains dossiers restent en suspens, notamment ceux de l’assassinat du martyr Mohamed Brahmi et du réseau clandestin de recrutement terroriste.
Une chose est certaine : l’ère d’Ennahdha est révolue. Ses dirigeants, à commencer par Rached Ghannouchi, n’ont plus aucun avenir politique en Tunisie.
“Un retour en force d’Ennahdha ? Illusoire.”
Al-Ain News : Le mouvement Ennahdha peut-il espérer revenir sur la scène politique avec la même influence ?
Ali Zghoud : Non, c’est pratiquement impossible. Ennahdha est aujourd’hui une formation rejetée par la majorité des Tunisiens.
Son héritage est marqué par des scandales de corruption, une gestion désastreuse et des liens avérés avec des réseaux extrémistes. Ce triptyque a plongé la Tunisie dans une crise profonde, frôlant à plusieurs reprises l’effondrement.
Le peuple tunisien a pris conscience de la dangerosité d’un tel projet politique, et il ne lui accordera plus sa confiance.
“Ennahdha, un simple rouage dans la machine des Frères musulmans”
Al-Ain News : Quelle est l’influence du mouvement Ennahdha sur la scène régionale ?
Ali Zghoud : Ennahdha n’a aucune autonomie stratégique. Elle est inféodée à l’idéologie des Frères musulmans, dont elle constitue un maillon exécutif en Tunisie.
Ce mouvement ne fonctionne pas comme un parti national indépendant, mais comme un instrument d’ingérence géopolitique, s’adaptant aux directives et aux évolutions régionales dictées par ses parrains étrangers.
Leur ambition cachée ? Reproduire le scénario syrien dans plusieurs pays arabes, y compris la Tunisie, l’Égypte et certains États du Golfe.
“Une base militante en déliquescence”
Al-Ain News : Ennahdha conserve-t-elle une base solide en Tunisie ?
Ali Zghoud : La réalité est implacable : Ennahdha n’a plus de base politique et électorale structurée.
Les militants modérés ont pris leurs distances, conscients des dérives du mouvement. Il ne lui reste aujourd’hui que des éléments radicalisés et un réseau mafieux infiltré dans l’économie et l’administration tunisiennes.
L’avenir d’Ennahdha ne se jouera plus dans les urnes, mais devant les tribunaux, où elle devra répondre de ses crimes et de ses compromissions.
“Une fracture irréversible avec les forces politiques nationales”
Al-Ain News : Comment les autres forces politiques tunisiennes réagissent-elles face à Ennahdha ?
Ali Zghoud : Depuis des années, plusieurs partis et figures nationales ont mené une résistance acharnée contre Ennahdha, souvent au prix de leur vie.
• Le Courant populaire a vu son secrétaire général, Mohamed Brahmi, lâchement assassiné.
• La gauche nationaliste a payé un tribut sanglant avec le meurtre de Chokri Belaïd.
Ces mouvements ne feront jamais alliance avec un parti qui porte la marque du sang et de la trahison.
“Un appui international qui s’effrite”
Al-Ain News : Ennahdha bénéficie-t-elle toujours de soutiens à l’étranger ?
Ali Zghoud : Ennahdha a toujours cultivé des relations troubles avec plusieurs services de renseignement étrangers.
Elle entretient des liens privilégiés avec certaines puissances, notamment la Turquie, la Grande-Bretagne, les États-Unis et même Israël. Ces connexions lui ont assuré une protection et des ressources financières, mais cela ne suffira pas à enrayer sa chute.
Le climat international a changé : les soutiens d’hier prennent leurs distances, conscients que parier sur Ennahdha est désormais une impasse politique.
Ennahdha, une page qui se tourne
Loin de l’image de force politique incontournable qu’elle a tenté de projeter durant une décennie, Ennahdha apparaît aujourd’hui comme un mouvement en déclin, miné par les affaires judiciaires, l’isolement populaire et la rupture avec les forces politiques nationales et internationales.
Son échec est total, et son avenir se joue désormais dans les tribunaux. Plus qu’une simple alternance politique, c’est une révolution judiciaire et institutionnelle qui se profile en Tunisie, visant à démanteler un système opaque et profondément corrompu.