L’État hébreu cherche à inscrire le conflit à Gaza dans le cadre d’une nouvelle guerre froide opposant l’Occident à l’axe Russie-Iran
Les Gardiens de la Révolution islamiques ont lancé une frappe sur Damas, et le chef de l'armée a averti les ennemis de son pays qu'ils "regretteront" ces actions, menaçant de causer "des dommages maximums".
Téhéran a promis de venger la frappe aérienne du 1er avril 2024 sur la capitale syrienne, imputée à Israël mais non confirmée par ce dernier.
L'attaque a détruit l'annexe consulaire de l'ambassade iranienne à Damas, tuant sept membres du Corps des Gardiens de la Révolution islamique, dont deux généraux.
Le chef d'état-major, Mohammad Bagheri, a déclaré que la réponse de l'Iran serait exécutée au bon moment, avec précision et planification, infligeant des dommages maxima à l'ennemi pour le faire regretter ses actions. Il s'exprimait lors d'une cérémonie à Isfahan en l'honneur de Mohammad Reza Zahedi, l'un des généraux tués.
Zahedi, 63 ans, aurait été le commandant de la Force Al-Qods pour les Territoires palestiniens, la Syrie et le Liban. Sa mort constitue la perte la plus importante pour l'Iran depuis l'attaque américaine de 2020 ayant tué le général Qassem Soleimani.
La foule à Isfahan a scandé "À bas Israël !" et "À bas les États-Unis !", tandis que le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, a promis que Israël "sera puni".
La frappe à Damas survient alors que la guerre de Gaza, débutée avec l'assaut du Hamas le 7 octobre 2024 contre Israël, a fait environ 1 200 morts, principalement des civils. Téhéran soutient le Hamas mais nie son implication directe dans l'attaque.
Les États-Unis et Israël se préparent à une éventuelle contre-attaque iranienne, sur laquelle ils estiment ne pas avoir de contrôle. Des sources indiquent que l'Iran pourrait utiliser des drones explosifs et des missiles de croisière, mais le moment et la cible restent incertains.
Israël n'a pas commenté la frappe de Damas, considérée comme une escalade dans sa campagne contre l'Iran et ses alliés régionaux, risquant de déclencher un conflit plus large.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a promis de riposter à toute tentative de nuire aux Israéliens, affirmant qu'Israël saura se défendre contre ses ennemis.
« Cette frappe marque indéniablement un tournant dans le conflit entre Israël et l’Iran. En détruisant une annexe de l’ambassade iranienne à Damas, en Syrie, le 1er avril, Israël a infligé une humiliation à Téhéran, qui a répliqué en promettant de "gifler" son adversaire » , analyse Fabrice Balanche, maître de conférences à l’université Lyon II et chercheur au think tank Washington Institute, et ce dernier de poursuivre : « les risques considérables d'une escalade au Moyen-Orient ». Fabrice Balanche qui est spécialiste de la Syrie et du Liban, vient de publier Les Leçons de la crise syrienne (Odile Jacob), où il démontre l'importance géopolitique majeure de la guerre en Syrie, la Russie et l’Iran infligeant aux pays occidentaux une défaite en maintenant Bachar el-Assad au pouvoir.
Cette frappe attribuée à Israël a détruit le consulat iranien à Damas, tuant notamment le commandant de la Force Al-Qods iranienne pour la Syrie et le Liban.
Chemin faisant, le géographe ne manque pas d’évaluer les risques d’escalade au Moyen-Orient… « Il est clair qu’Israël est responsable de cette frappe, notamment en raison du type de missile utilisé, conçu pour détruire un bâtiment de manière ciblée, avec des dégâts collatéraux minimes. Israël envoie ainsi un message à l’Iran, montrant que les Gardiens de la révolution ne sont en sécurité nulle part, même dans des enceintes diplomatiques. Jusqu'à présent, Israël avait visé des bases iraniennes dans la périphérie de Damas et des entrepôts d'armes du Hezbollah. Cette fois-ci, l’État hébreu élève clairement le ton à l'égard de l'Iran, mais aussi à l'égard du régime syrien ».
Et Fabrice Balanche confie : « Au début de la guerre en Syrie, les Israéliens préféraient un Bachar el-Assad affaibli à l'inconnu, estimant que la frontière avec le Golan était relativement calme depuis 1974. Cependant, au cours des deux ou trois dernières années, ils ont réalisé que le pays était devenu un protectorat russo-iranien, de plus en plus sous influence iranienne, d'autant plus que les Russes étaient engagés en Ukraine »
Et en un mot comme en cent, l’État hébreu cherche à inscrire le conflit à Gaza dans le cadre d’une nouvelle guerre froide opposant l’Occident à l’axe Russie-Iran.