IVG dans la Constitution : un «pas décisif», selon Macron
Après le vote du Sénat en faveur de la constitutionnalisation de l’avortement ce mercredi, s’ouvre maintenant la dernière étape : la réunion du Parlement en Congrès à Versailles, lundi soir, pour l’adoption définitive.
Large victoire au Sénat. Alors que le vote du Palais du Luxembourg en faveur du projet de loi constitutionnelle, visant à inscrire l’avortement dans le texte de 1958, était encore incertain ces dernières heures, les sénateurs ont finalement approuvé le texte à une très large majorité : 267 voix pour et 50 voix contre.
Une adoption dans les mêmes termes que ceux de l'Assemblée nationale, qui enclenche de facto la convocation du Congrès, la réunion des parlementaires des deux chambres, lundi prochain, pour un scrutin définitif.
Dès l’issue du vote connue, toute la macronie s’est réjouie du choix de cette chambre à majorité de droite.
À commencer par le président de la République lui-même, qui a salué un «pas décisif dont (il) se félicite». Une victoire symbolique et politique pour Emmanuel Macron qui, comme il le rappelle lui-même, s’était «engagé» à «rendre irréversible la liberté des femmes de recourir à l'IVG».
Et qui avait fait des droits des femmes la «grande cause» de ses deux quinquennats. Le premier ministre, de son côté, a évoqué un «jour qui marquera l'histoire politique et parlementaire de notre pays.» «C'est une avancée immense.
Une protection que nous devions à toutes les femmes. C'est la reconnaissance de leur droit de disposer de leur corps librement», a poursuivi Gabriel Attal.
Même clameur du côté de la ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les Femmes et les Hommes, Aurore Bergé, qui avait, il y a quelques semaines, «exhorté» les Sénateurs à être au «rendez-vous» de «l’Histoire».
«Pour nos mères. Pour nos filles. On y est !», a applaudi celle, dont la mère avait dû avorter dans la clandestinité, et qui fut à l’origine de la proposition de loi constitutionnelle.
Le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, qui était sur les bancs du Sénat mercredi, a vanté la «nouvelle page du droit des femmes». En affirmant que la France était «le premier pays au monde» à protéger l'avortement dans sa Constitution.
La gauche exulte
Si la droite s’est montrée très discrète, la gauche, parlant pour une fois d’une seule voix, ne cache pas sa joie. La présidente des députés Insoumis Mathilde Panot a ainsi évoqué le «dernier verrou» qui a «sauté».
«Nous écrivons l'Histoire», s’est enflammée l’élue du Val-de-Marne. Engagée depuis longtemps dans ce combat, la sénatrice EELV Mélanie Vogel s’est enorgueillie d’une «victoire historique», qui «est avant tout celle des féministes, des associations et des militants n'ayant rien lâché.»
La parlementaire a même été ovationnée par ses collègues de gauche, salle des Conférences, au terme du vote. Enfin, pour le premier secrétaire du PS Olivier Faure, c’est «l'aboutissement de plusieurs décennies de combats féministes.» «La France demeurera le pays du libre choix. Les conservateurs ont plié», a raillé le socialiste.
Parmi les voix dissonantes, la députée RN Edwige Diaz n’a pas partagé l’enthousiasme de ses opposants. «On essaye de détourner l’attention des Français, de faire croire qu’il s’agit d’une journée historique alors que c’est un droit qui n’est pas du tout remis en question», a grincé l’élu de Gironde sur BFMTV.
Cette dernière a beau dénoncer un souci de «timing», Edwige Diaz votera en faveur de la constitutionnalisation de l’IVG lundi prochain au Congrès. Tout comme, selon elle, «l’immense majorité des députés» nationalistes, rapporte l'AFP.