Jacques Weber: Ma signature en soutien à Gérard Depardieu était une autre forme de violence
Le comédien exprime des regrets d'avoir signé "par réflexe d'amitié" et affirme que le monde du cinéma ne doit pas "entraver l'émergence de la vérité" dans une tribune publiée par Mediapart.
Un de plus. Après Charles Berling, Gérard Darmon, Pierre Richard ou Nadine Trintignant - bien que dans des mesures différentes - c'est maintenant Jacques Weber qui revient sur sa signature de la tribune en soutien à Gérard Depardieu. "J'ai signé précipitamment par réflexe d'amitié, sans me renseigner", s'excuse le comédien dans un article publié par Mediapart le 1er janvier.
Mis en examen pour viols et accusé d'agressions sexuelles, le comédien est au centre d'une polémique nationale depuis la diffusion de propos misogynes dans l'émission Complément d'enquête du 7 décembre.
"Oui, j'ai signé en oubliant les victimes et le sort de milliers de femmes dans le monde qui souffrent d'une réalité trop longtemps acceptée. Ma signature était une autre forme de violence".
Comme Weber, une soixantaine de grands noms du cinéma français ont signé une tribune en soutien à Gérard Depardieu, publiée dans le Figaro le jour de Noël. Les signataires y appelaient à ne pas "effacer" celui que leurs amis continuent d'appeler "monstre sacré".
Au fur et à mesure que les signataires découvraient le profil de l'auteur de la tribune controversée, certains se sont distanciés, plus sur la forme que sur le fond, réaffirmant leur soutien à Depardieu plutôt qu'aux victimes.
Jacques Weber semble être parmi ceux qui ont fait marche arrière sur le fond. "Nous ne devons pas entraver l'émergence de la vérité", explique-t-il, "malgré l'amour ou l'admiration que ses amis, sa famille et la famille du cinéma lui portent".
Celui qui a joué aux côtés de Gérard Depardieu dans Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau va encore plus loin dans son repentir : "Si nous avons été coupables d'accepter des comportements désormais inacceptables sur les plateaux de cinéma et de théâtre, alors oui, j'ai été coupable".
Les propos d'Emmanuel Macron - qui a remis en question le reportage de Complément d'enquête - et la défense de Depardieu ont déclenché une réaction en chaîne et une série de "contre-tribunes", dont celle publiée par le média Cerveaux non disponibles, signée par environ 8 000 artistes. Ou celle de Libération publiée ce lundi et signée par 150 personnalités du monde de la culture, dont les actrices Lucie Lucas, Muriel Robin ou Alexandra Lamy, dans laquelle les signataires dénoncent notamment les actions de l'acteur.
Gérard Depardieu est mis en examen pour viols depuis 2020, suite à une plainte de la jeune actrice Charlotte Arnould. L'actrice Hélène Darras a, quant à elle, porté plainte contre l'acteur en septembre 2023 pour "agression sexuelle".
En Espagne, une troisième plainte, pour "viol", a été déposée en décembre par l'auteure et journaliste Ruth Baza. En avril, treize femmes l'ont accusé de violences sexuelles. Trois d'entre elles ont témoigné devant la justice.