Jean-Marie Bockel, nouveau visage diplomatique de la France en Afrique
Face à un contexte où plusieurs nations africaines semblent tourner le dos à l'influence française, le président Emmanuel Macron s'engage dans une redéfinition de la politique française en Afrique.
Dans cette optique, il a récemment nommé l'ancien ministre Jean-Marie Bockel au poste d'”envoyé personnel”.
Jean-Marie Bockel, une figure qui s'est démarquée en tant que critique de la "Françafrique", se voit confier la tâche de dialoguer avec les pays partenaires africains sur les nouvelles orientations de la présence militaire française sur le continent, une présence que Paris prévoit de significativement réduire. En sa qualité d'ancien secrétaire d'État à la Coopération sous la présidence de Nicolas Sarkozy, Bockel a été désigné par Emmanuel Macron pour être son émissaire en Afrique.
Sa mission, selon l'Agence France-Presse, consiste à expliquer aux quatre pays abritant des bases françaises (Sénégal, Côte d'Ivoire, Gabon et Tchad) les raisons et les modalités de ces ajustements à venir du dispositif diplomatique et militaire français, tout en prenant en compte leurs besoins en matière de formation, de coopération et d'équipement. Le président Macron a précisé ces attentes dans sa lettre de mission, demandant à Jean-Marie Bockel de formuler ses recommandations d'ici juillet.
Cette nomination intervient dans un contexte marqué par une série de coups d'État au Mali, au Burkina Faso et au Niger, qui ont conduit à l'éviction de l'armée française de ces pays. Cela signifie la fin d'une décennie d'interventions antijihadistes visant à stabiliser cette région tourmentée. Dans ce contexte, la France envisage une réduction significative de ses effectifs militaires, sauf à Djibouti, en faveur d'une présence moins ostensible.
L'histoire de Jean-Marie Bockel est révélatrice de sa position en tant que critique de la "Françafrique". En 2008, alors qu'il était secrétaire d'État à la coopération, il a appelé à une rupture dans les relations franco-africaines, dénonçant les pratiques du passé et plaidant pour une approche plus équilibrée et transparente. Ces déclarations ont suscité des réactions mitigées, notamment celle de Libreville, où elles ont été jugées "inacceptables". Bockel avait alors été démis de ses fonctions ministérielles peu après.
Après avoir quitté le gouvernement en 2010, Jean-Marie Bockel a poursuivi sa carrière politique en devenant sénateur du Haut-Rhin. Son engagement s'est également manifesté dans des initiatives telles que la présidence de la commission chargée de la reconnaissance et des réparations envers les harkis, ces musulmans qui ont servi comme auxiliaires de l'armée française pendant la guerre d'Algérie.
La nomination de Bockel comme "envoyé personnel" en Afrique marque un tournant dans la politique française sur le continent, alors que Macron cherche à réinventer les relations entre la France et ses partenaires africains.