France : vingt mois de captivité au Mali pour le journaliste Olivier Dubois
Il y a 20 mois, le 8 avril, le journaliste français Olivier Dubois a été enlevé à Gao, dans le nord du Mali, alors qu’il était en reportage.
Le métier de journaliste est un métier de mouvement. On bouge, on s’agite, on court vers l’information, on cherche des témoins, on essaye de comprendre.
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L’immobilité ne s’accommode pas bien du journaliste, sauf lorsqu’il écrit, et encore, quelquefois, il écrit en marchant.
Depuis vingt mois, Olivier Dubois ne bouge plus. Lui qui sautille presque en marchant tant il aime bouger, est immobile, immobilisé en fait.
Silencieux, invisible. Son kidnapping en plein centre de Gao, au nord du Mali, l’a stoppé net dans son élan.
Depuis le 8 avril 2020, il attend, au cœur du désert malien, sans doute, mais nous n’en sommes même pas complètement sûrs, rapporte Libération.
Parce que depuis vingt mois, on ne sait rien. On n’entend rien. Seules deux vidéos, des preuves de vie qui ont rassuré un instant seulement, ont été diffusées. La dernière en mars 2022.
Il y a une éternité. Depuis, rien. On ne sait pas comment il va, s’il est en bonne santé, ce qu’il mange – lui qui aime tant cuisiner ! – où et comment il dort. On ne sait rien.
Olivier a été enlevé par le Jnim (selon l’acronyme en arabe du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), affilié à Al-Qaeda. Parce qu’il est français et, peut-être aussi, parce qu’il est journaliste.
Les autorités françaises assurent qu’elles ne l’oublient pas, qu’elles travaillent d’arrache-pied pour obtenir sa libération.
Appel signé par quarante rédacteurs en chef
Mais le silence, l’absence de nouvelles, dans un contexte où les relations entre la France et le Mali se sont profondément dégradées ces derniers mois, où la situation sécuritaire est instable, inquiète, forcément. De plus en plus.
Depuis vingt mois, sa famille, au Mali, dans toute la France, de Marseille à Paris, en passant par la Moselle, la Bretagne et jusqu’en Martinique où vivent une partie des siens, s’est mobilisée.
Ses amis – et il en a beaucoup – n’ont cessé depuis vingt mois de faire preuve d’une imagination incroyable pour alerter l’opinion publique.
Reporters sans frontières, de nombreux anciens otages, des collègues et confrères journalistes, de simples potes aussi, avec qui il a partagé un thé, ou une bière, et toujours de longues conversations, se sont engagés.
On a martelé, rappelé son nom, expliqué qu’un homme ne peut pas, ne doit pas disparaître ainsi, payer d’une réclusion trop longue le simple fait d’être journaliste, d’être français.
On a rappelé qu’il ne doit pas être oublié, même si les autorités préfèrent la plus grande discrétion pour mener ce qu’on imagine être de difficiles négociations.
On a affiché son visage sur les façades des mairies, on a écrit, des lignes et des lignes, des portraits, des lettres, des appels, des pétitions.
On a parlé de lui, dans les rues, à la radio, à la télévision. On a fabriqué des affiches, des bracelets, des broches, organisé des courses à pied, monté des stands à toutes les occasions, pris la parole dès qu’on le pouvait, pour redire son nom, Olivier Dubois.
Pour les dix-huit mois de son enlèvement, le 8 octobre, quarante rédacteurs en chef des principaux médias français ont signé un appel à ne pas l’oublier, ont demandé aux autorités françaises de poursuivre et surtout d’intensifier leurs efforts pour le libérer.
On espère tant qu’il a reçu un écho de toute cette mobilisation. Qu’elle lui a fait chaud au cœur, que cet écho, même ténu, l’a aidé un peu à tenir.