Journée commémorative pour l'abolition de l'esclavage : encore des efforts à consentir
L'Assemblée générale des Nations Unies de la Convention pour la répression et l'abolition de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui en date du 2 décembre 1949.
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La journée du 02 décembre de chaque année commémore l'adoption de l'Assemblée générale des Nations Unies de la Convention pour la répression et l'abolition de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui en 1949.
Il s'agit d'une date très importante dans l'histoire de l'humanité car elle marque, depuis 73 ans déjà, la fin d'une ère sombre pour une large tranche des sociétés. Cependant, l'esclavage n'est pas uniquement un vestige du passé mais une réalité tristement actuelle, comme l'indiquent les Nations Unies, selon AA.
Cette convention a été, en effet, adoptée dans un contexte international particulier coïncidant avec la proclamation de le République populaire de Chine et avec la signature du pacte de l'Atlantique pour une alliance militaire entre douze Etats occidentaux (la naissance de l'OTAN) ainsi que celle de la Convention de Genève des droits de l'Homme et notamment ceux des réfugiés.
Il s'agissait, en outre, d'un moment crucial pour l'Afrique qui était en gestation et où des mouvements indépendantistes ont été créés et des évènements clés ont vu le jour: Les grèves de charbon au Nigéria, le mouvement des femmes en Côte d'Ivoire et l'annonce de l'indépendance de deux pays importants qui sont la Libye et la Somalie, à titre d'exemple.
- Des chiffres
Bien que non défini dans la loi, l'esclavage recouvre des pratiques diverses qui correspondent à des situations d'une véritable exploitation d'êtres humains soumis à des menaces, des contraintes et à de la violence où les femmes et les enfants restent vulnérables de manière disproportionnée, notamment en matière de mariage forcé et de prostitution (80%), partout dans le monde et pas uniquement en Afrique.
Il s'agit également de pratiques qui exposent une personne à une situation qui le prive de son droit de refuser ou de quitter -telles que le travail forcé et la servitude pour dettes- pour éviter la violence, les abus de pouvoir ou la rétention de papiers d’identité et la menace de dénonciation aux autorités migratoires, selon l'Organisation internationale du travail (OIT) qui a adopté un protocole juridiquement contraignant destiné à renforcer les efforts mondiaux visant à éliminer le travail forcé, entré en vigueur en novembre 2016.
Selon l'OIT, le travail et les mariages forcés ont considérablement augmenté au cours des cinq dernières années. Plus de 50 millions de personnes victimes d’une forme d’esclavage moderne ont été recensées en 2021, soit 10 millions de plus qu’en 2016, selon des estimations mondiales.
L'esclavage moderne se produit dans presque tous les pays du monde ne tenant compte d'aucune frontière ethnique, culturelle ou religieuse. Plus de la moitié (52%) de tout le travail forcé et un quart (25%) de tous les mariages forcés se trouvent dans les pays à revenu intermédiaire supérieur ou à revenu élevé. On estime aujourd'hui qu'environ 50 millions de personnes sont victimes d’esclavage moderne, dont 28 millions du travail forcé et 22 millions du mariage forcé, indique l'OIT. Une victime sur 8 d’esclavage moderne est un enfant et plus de la moitié de ces enfants sont victimes d'exploitation sexuelle, lit-on de même source.
En France, par exemple et même si l'esclavage a été aboli en 1948, des cas d'esclavagisme moderne font des fois l'actualité. Les victimes sont assez souvent des femmes ou des filles qui font l'objet d'un esclavage domestique ou de prostitution. Il concerne aussi des hommes soumis au travail forcé dans certains secteurs d'activités tels que le bâtiment ou l'agriculture, selon une déclaration publiée par le Parti socialiste.
Au Mali, le président de la sauvegarde des droits de l'Homme, Boubacar N'Djim, fait savoir, lors d'un panel organisé à ce sujet, que l'organisation indépendante à but non lucratif, créée officiellement en Janvier 2019, intervenait partout où les droits humains sont bafoués pour restaurer la dignité humaine. L'objectif de cette journée est, selon lui, d'éradiquer les formes contemporaines de l'esclavage telles que la traite des êtres humains, l'exploitation sexuelle, le travail des enfants et les recrutements forcés des enfants dans les conflits armés tout en informant et en sensibilisant l'opinion publique sur l'existence même de ces pratiques et sur la grave violation des libertés individuelles.
"La sensibilisation aide à stopper les atrocités et à amener les Etats et les institutions internationales à faire appliquer les traités internationaux. Pour le moment, nous sommes loin du compte, mais à force d'en parler, les citoyens seront touchés et des progrès seront observés", affirme, pour sa part, l'historien camerounais, Emmanuel Koloukou.
- L'exploitation des enfants
L'Organisation internationale du travail, plus de 150 millions d'enfants sont contraints de travailler, ce qui représente plus d'un enfant sur dix dans le monde. Cela va à l'encontre de la Convention relative aux droits de l'enfant, qui reconnaît le droit de l'enfant d'être protégé de l'exploitation économique et de tout travail susceptible d'être dangereux ou d'interférer avec l'éducation de l'enfant ou de nuire à la santé de l'enfant ou son développement physique, mental, spirituel, moral ou social. La majorité du travail des enfants qui se produit aujourd'hui est à des fins d'exploitation économique.
Toutefois, les tâches qui se limitent à aider les parents à la maison, dans l’entreprise familiale sous certaines conditions, à gagner un peu d’argent de poche en dehors des heures de cours ou pendant les vacances scolaires ne sont pas considérées en tant que telles comme des tâches relevant du travail des enfants. Le concept "travail des enfants" regroupe, par contre, l’ensemble des activités qui privent les enfants de leur enfance, de leur potentiel et de leur dignité et nuisent à leur scolarité, santé, développement physique et mental.
Le Haut-Commissariat des Droits de l'Homme fait savoir que, selon le Protocole additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée visant à prévenir, à réprimer et à punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, l’expression "traite des personnes" désigne le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil de personnes, par la menace de recours ou le recours à la force ou à d’autres formes de contrainte, par enlèvement, fraude, tromperie, abus d’autorité ou d’une situation de vulnérabilité ou par l’offre ou l’acceptation de paiements ou d’avantages pour obtenir le consentement d’une personne ayant autorité sur une autre aux fins d’exploitation.
L’exploitation comprend, au minimum, l’exploitation de la prostitution d’autrui ou d’autres formes d’exploitation sexuelle, le travail ou les services forcés, l’esclavage ou les pratiques analogues à l’esclavage, la servitude ou le prélèvement d’organes, d'après le HCDH.