L’Algérie demande officiellement à la France de restituer des biens culturels
Lors d’une nouvelle réunion de la commission mixte d’historiens, l’Algérie a officiellement soumis à la France une liste de biens culturels à restituer.
Ces objets, saisis pendant la conquête et la période coloniale, sont au cœur des discussions entre les deux pays et pourraient conditionner la visite en France du président algérien Abdelmadjid Tebboune prévue cet automne.
La question de l’émir Abdelkader
La réunion, qui s’est tenue les 22 et 23 mai à Alger, a vu la figure emblématique de l’émir Abdelkader jouer un rôle central. Ce héros de la résistance algérienne, capturé et détenu au château royal d’Amboise de 1848 à 1852, a laissé derrière lui un patrimoine considérable que l’Algérie souhaite récupérer. Parmi les biens demandés figurent des effets militaires, un sabre, un burnous, un canon et un coran appartenant à l’émir.
Les objets symboliques de la résistance
L’Algérie a également réclamé la restitution de la clé et de l’étendard de Laghouat, ainsi que des biens d’autres chefs de la résistance, comme la tente d’Ahmed Bey. Ces objets, conservés dans diverses institutions françaises, sont considérés comme des symboles de souveraineté datant d’avant et après 1830.
Une affaire de souveraineté et d’honneur
Pour l’Algérie, la récupération de ces biens est une question de souveraineté et d’honneur. Lors de la réunion, l’Algérie a insisté sur la nécessité pour la France de démontrer sa bonne foi dans le règlement de ce dossier mémoriel. Bien que la France ait déjà donné son accord de principe pour la restitution, elle a indiqué que certaines procédures pourraient être compliquées en raison de la présence de ces objets dans des collections privées.
Transmission directe à Emmanuel Macron
Les historiens français présents à la réunion ont accepté de transmettre les préoccupations algériennes directement au président Emmanuel Macron. Ils se sont engagés à faire en sorte que les biens réclamés puissent être restitués le plus rapidement possible.
Prochaines étapes
Outre la question des biens culturels, d’autres points ont été abordés, notamment les archives, les biens culturels et les cimetières algériens en France datant du XIXe siècle. La commission mixte a également planifié de futures rencontres, notamment consacrées aux archives,
culturelles, avec un préprogramme de rencontres scientifiques pour l’année universitaire 2024-2025. La prochaine réunion des historiens des deux pays se tiendra en France au début de juillet.
Contexte historique et archives
Lors de la session plénière du 25 janvier dernier aux Archives nationales à Paris, la commission, créée en 2023 par les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron, avait établi une série de mesures pour traiter les contentieux liés à la mémoire de la colonisation française en Algérie. Dans ce cadre, l'Algérie a déjà récupéré deux millions de documents d’archives datant du XIXe siècle en version numérique et réclame désormais les originaux.
Cette cinquième réunion en un an témoigne de l'engagement des deux nations à approfondir la compréhension historique et à apaiser les tensions mémorielles. La restitution des biens culturels est désormais un point crucial des discussions diplomatiques entre Paris et Alger, avec des implications significatives pour l'avenir des relations franco-algériennes.