La femme riche devra-t-elle payer une pension à son ex-mari ? La proposition qui Fait débat au Maroc
Les récentes déclarations du ministre de la Justice marocain, Abdelatif Ouahbi, sur l’obligation pour une femme aisée de verser une pension alimentaire à son ex-mari continuent de susciter la polémique au sein de la société marocaine.
Droits de l’homme, parlementaires et militants des réseaux sociaux s’emparent de cette question délicate.
Tout a commencé lorsque Ouahbi, lors d’une interview à la chaîne 2M, a affirmé qu’il était nécessaire que les femmes financièrement à l’aise prennent en charge leurs ex-conjoints après le divorce. Selon lui, la responsabilité financière doit être partagée, et une étude du statut économique des deux parties devrait déterminer qui doit verser une compensation à l’autre. « Le sujet à l'étude est d’imposer une pension à la femme pour garantir l’équité et la justice », a-t-il déclaré.
La déclaration du ministre renvoie à un débat qui n'est pas nouveau. En effet, la députée Lubna Essaghiri, avocate au barreau de Casablanca et membre de la Commission permanente de la Justice et de la Législation de la Chambre des représentants, a rappelé que cette question figurait déjà dans le Code de la famille de 2004, mais qu’elle n’a jamais été appliquée.
Essaghiri a souligné que la loi prévoit que si un homme est incapable de subvenir aux besoins de ses enfants, une femme qui dispose de moyens financiers doit alors prendre le relais. Toutefois, elle précise que, dans les faits, ce principe n'est souvent pas activé. Les femmes, même lorsqu’elles sont aisées, ne réclament généralement pas de pension pour leur ex-mari, car elles assument déjà la charge de leurs enfants.
Le débat autour du partage des responsabilités financières dans le mariage a également été alimenté par des associations de défense des droits des femmes. L’Association Tahaddi pour l’Égalité et la Citoyenneté a publié un communiqué affirmant que « la contribution financière partagée » est une réalité quotidienne dans de nombreuses familles marocaines. Elle a également appelé à reconnaître le travail domestique des femmes comme une contribution financière à la famille, et à mieux encadrer cette réalité dans les lois marocaines.
Selon un sondage réalisé en 2016 par le ministère de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social, plus de 70 % des personnes interrogées estiment que le travail domestique constitue une contribution matérielle aux dépenses familiales.
Ce débat reflète la nécessité de réformer le Code de la famille marocain. Des voix s’élèvent pour une reconnaissance légale du travail domestique comme une participation financière au sein du couple, en particulier lorsque vient le moment de partager les biens acquis pendant le mariage.
Ainsi, la question de la pension alimentaire pour les hommes divorcés est au cœur d’une discussion plus large sur l’égalité entre les sexes et le rôle des femmes dans la société marocaine moderne.