Le passif nucléaire au Sahara s’invite dans la relation franco-algérienne
Alger demande à Paris de participer à la « réhabilitation » des anciens sites d’essais atomiques dans le Sud algérien.
Le passif des essais nucléaires français au Sahara, jusque-là cantonné à une certaine discrétion diplomatique entre les deux pays, prend progressivement toute sa place dans la relation bilatérale franco-algérienne. La visite à Alger, jeudi 8 avril, du chef d’état-major des armées françaises, François Lecointre, a été l’occasion pour les Algériens de « solliciter » publiquement le « soutien » de Paris pour « la réhabilitation » des sites de Reggane et d’In-Ekker, où la France a procédé à dix-sept essais nucléaires entre 1960 et 1966 – soit avant et après l’indépendance de l’Algérie en 1962. Le contentieux autour des séquelles sanitaires et environnementales de cet ancien chantier atomique saharien n’a cessé de nourrir le malaise mémoriel de part et d’autre de la Méditerranée.
Le déplacement du général Lecointre était la première visite d’un chef des armées françaises à Alger depuis 2014 – même si le chef d’état-major de l’armée de terre s’y rend, lui, régulièrement. Il était censé préparer, sur le terrain spécifique de la coopération militaire, le grand rendez-vous politique qui s’annonçait avec la visite dans la capitale algérienne, prévue dimanche 11 avril, du premier ministre Jean Castex, accompagné de quatre ministres.
Or, coup de théâtre, la rencontre a été « reportée à une date ultérieure », ont annoncé jeudi dans la soirée les services de Matignon qui invoquent les contraintes liées à « l’épidémie de Covid-19 ». En réalité, un désaccord a surgi entre les deux parties sur le format de la visite que les Algériens auraient souhaité plus ambitieux.