Le patron du renseignement territorial alerte sur la menace des Frères musulmans en France
La patron des renseignements territoriaux a évoqué auprès du Monde la montée des Frères musulmans dans l'Hexagone, qui veulent faire « à terme de la France et de l’Europe un califat en imposant la charia ».
Dans un entretien au Monde, Bertrand Chamoulaud, à la tête de la direction nationale du renseignement territorial, s'est inquiété de l'entrisme des Frères musulmans en France.
Ce sont eux qui « inquiètent le plus » les renseignements, a-t-il affirmé : « Si le courant salafiste tente d’imposer une vision rigoriste des règles de vie, les défenseurs du courant frériste ont un projet plus construit. »
Ce dernier mouvement est plus souterrain car il diffuse ses idées « par l’entrisme et au moyen d’un discours très lisse. Ce courant ne préconise pas le recours à la violence pour parvenir à ses fins », a expliqué Bertrand Chamoulaud. Pourtant, selon lui, « la finalité est très claire : faire à terme de la France et de l’Europe un califat en imposant la charia. »
D'après le directeur, cet entrisme touche de nombreux milieux de la société : le sport, la santé et l’éducation notamment. Le mouvement des Frères musulmans joue sur un « discours victimaire » lorsque l'État expulse des imams ou ferme une mosquée par exemple, dénonçant un État soi-disant islamophobe. « Le risque est que certains musulmans modérés adhèrent à ce discours victimaire, en particulier parmi les 100 000 fidèles qui fréquentent des mosquées tenues par les Frères musulmans », a jugé Bertrand Chamoulaud.
Au printemps dernier, alors ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin avait détaillé auprès du JDD le plan de l'exécutif pour lutter contre la menace qu'ils représentent. « Certains collaborent avec les Frères musulmans sans même le savoir, dans la population mais surtout parmi les acteurs publics », avait-il lancé.
Et d'ajouter : « Ils attaquent tous les pans de la société et se constituent en réseau. Ils donnent des consignes de vote, soutiennent des commerces communautaires, usent d’une rhétorique anti-française, lancent des pétitions, entourent les élus locaux, signent des partenariats économiques avec des grandes marques ». Un des moyens de lutter a été la mise en place de la loi séparatisme, voulue par Emmanuel Macron, qui a notamment permis de contrôler les financements étrangers.