Le Tchad met fin à l’accord de défense avec la France
Dans une annonce qualifiée de “tournant historique”, le ministre tchadien des Affaires étrangères a déclaré, ce jeudi, que le Tchad mettait un terme à son accord de coopération en matière de défense avec la France.
Malgré cette décision, il a précisé qu’il ne s’agissait pas d’une rupture diplomatique avec Paris.
Dernier bastion des forces françaises au Sahel, le Tchad a décidé de révoquer les accords de sécurité et de défense qui le liaient à la France, comme l’a indiqué Abderaman Koulamallah sur la page officielle du ministère des Affaires étrangères. Cette déclaration intervient peu de temps après la visite du ministre français Jean-Noël Barrot.
Un signal fort de souveraineté
Le ministre tchadien a souligné que cette décision reflétait la maturité et la souveraineté du pays, affirmant : “La France reste un partenaire important, mais il est temps de considérer que le Tchad est désormais un État souverain, jaloux de son indépendance.” Cette décision, prise après une analyse approfondie, marque une étape clé dans la redéfinition des partenariats stratégiques du Tchad, 66 ans après la proclamation de sa République.
Pas une rupture totale avec Paris
Le ministre a insisté sur le fait que cette démarche ne reflétait pas une coupure totale avec la France, contrairement aux situations observées au Niger ou au Mali. Il a également précisé que le Tchad respecterait les modalités prévues pour la résiliation de l’accord, sans pour autant fixer de date pour le retrait des troupes françaises encore présentes, estimées à environ un millier de soldats.
Contexte historique et enjeux militaires
Depuis des décennies, la France a joué un rôle déterminant dans la sécurité du Tchad, en particulier lors des attaques rebelles de 2008 et 2019. Cependant, l’élection de Mahamat Idriss Déby Itno en mai dernier, après une période de transition sous un régime militaire, a marqué un tournant politique. Ce contexte a probablement renforcé la volonté du gouvernement tchadien de redéfinir ses relations bilatérales.
Une visite axée sur la crise soudanaise
La visite de Jean-Noël Barrot avait pour objectif principal de constater l’impact humanitaire de la guerre au Soudan. Accompagné de responsables tchadiens, il a visité des camps de réfugiés et annoncé une aide supplémentaire de 7 millions d’euros pour soutenir les efforts humanitaires. Le ministre français a également appelé les puissances étrangères, notamment la Russie et les Émirats arabes unis, à cesser de fournir des armes aux factions belligérantes soudanaises.
Une stratégie française en mutation
Cette annonce intervient alors que la France cherche à repenser sa stratégie militaire en Afrique. Un rapport remis récemment au président Emmanuel Macron par Jean-Marie Bockel recommande un partenariat “renouvelé” et “coconstruit” pour répondre aux attentes des pays africains. Cette évolution marque une phase critique dans les relations franco-africaines, au moment où Paris redéfinit son rôle sur le continent.
En conclusion, la décision du Tchad de mettre fin à cet accord illustre une volonté accrue de reprendre le contrôle total de ses politiques sécuritaires tout en continuant à maintenir des relations bilatérales avec ses partenaires historiques.