Législatives en Géorgie : le parti prorusse de Bidzina Ivanichvili, conserve le pouvoir
La commission électorale a annoncé dimanche matin la victoire de Rêve géorgien avec 54 % des voix, malgré les contestations des partis d’opposition.
Un succès qui va permettre au milliardaire de former un gouvernement et qui risque de réduire à néant les espoirs d’adhésion du pays à l’Union européenne.
L’opposition a perdu son pari en Géorgie. Selon les résultats proclamés dimanche 27 octobre au matin par la commission électorale, Rêve géorgien, le parti au pouvoir depuis 2012, arrive en tête des élections législatives qui se sont déroulées la veille en Géorgie, avec 54,08 % des suffrages pour un taux de participation de 58 %. Un succès qui va permettre au parti du milliardaire Bidzina Ivanichvili de former un nouveau gouvernement et de rapprocher son pays de l’orbite russe.
Obtenus en un temps record grâce à un nouveau système de vote et de comptage électronique, ces résultats n’étaient pas complets dans la nuit de samedi à dimanche. Les définitifs ont été annoncés dans la matinée de dimanche, après le dépouillement manuel de tous les bulletins, électroniques et papiers.
Ce qui n’avait pas empêché le premier ministre hongrois, Viktor Orban, le meilleur allié de Vladimir Poutine au sein de l’Union européenne (UE), de saluer très tôt la victoire « écrasante » du parti au pouvoir.
En Géorgie, la déception est grande parmi les opposants. Dotées de 37,58 % des suffrages au total, les quatre formations d’opposition entrent au Parlement mais elles ne pourront pas former le gouvernement de coalition pro-européen qu’elles imaginaient.
Leur crainte est désormais de voir Rêve géorgien, en pleine dérive autoritaire et prorusse, réduire à néant les espoirs d’adhésion du pays à l’UE. L’introduction, en juin, par Tbilissi d’une loi sur « l’influence étrangère », la copie d’un texte législatif russe ayant servi, en 2012, à bâillonner la société civile russe bourgeonnante, a été qualifiée par Bruxelles d’obstacle à l’intégration de la Géorgie.
Moyens financiers et fort ancrage local
« L’élection ne vise pas seulement à changer de gouvernement, c’est une question de survie car le gouvernement d’Ivanichvili est affilié à la Russie », avait rappelé, avant le scrutin, Nika Gvaramia, l’un des fondateurs de la Coalition pour le changement. Ayant recueilli 10,92 % des voix, sa formation se hisse au rang de premier parti d’opposition du pays, dépassant le Mouvement national uni (MNU), fondé par l’ancien président Mikheïl Saakachvili.
Sous la bannière de la coalition Unité-Sauver la Géorgie, ce parti arrive en troisième position seulement avec 10,12 % des suffrages. A peine les résultats préliminaires étaient-ils annoncés, samedi soir, que ces deux partis ont déclaré qu’ils les contestaient et qu’ils appelleraient sous peu leurs partisans à descendre dans la rue.
Dans la nuit, quelque 30 % des votes restaient encore à dépouiller. Il s’agissait de ceux des Géorgiens de l’étranger ainsi que ceux de quelques bureaux de vote situés dans des villages isolés.
Ces électeurs ont voté en glissant leur bulletin dans l’urne, tandis que le reste du pays a testé pour la première fois le vote électronique : 80 % des bureaux de vote ont été équipés de machines imposantes où les électeurs introduisent leurs bulletins après avoir fait leur choix dans l’isoloir.
A la fermeture des bureaux, le comptage est effectué par la machine. Mis en place pour la première fois dans un pays marqué par les allégations de fraudes et de manipulations, ce système, jugé fiable, avait reçu l’assentiment de la Commission électorale et de l’ensemble des partis.