Les défis maritimes cruciaux de l’Afrique en 2025 : une épopée à écrire
Le grand souffle des océans africains aurait dû, en cette décennie achevée, porter les nations du continent vers des horizons de prospérité et de sécurité.
Pourtant, alors que l’horloge de l’Histoire marque la fin de la Décennie des mers et océans africains, promue par l’Union africaine, le bilan est loin d’être celui d’une odyssée triomphante.
Les ambitions étaient vastes, comme ces flots indomptés : une gestion durable des ressources marines, une renaissance des écosystèmes côtiers, et la promesse d’une sécurité maritime renforcée. Mais, à l’image d’un navire privé de gouvernail, l’élan s’est dispersé.
Tim Walker et Denys Reva, analystes passionnés de l’Institute for Security Studies, scrutent avec un regard acéré les récifs sur lesquels se sont échouées ces ambitions.
Coordination vacillante, stratégies éclatées, volonté politique trop fragile : voilà le verdict. Il est temps, disent-ils, de jeter l’ancre, de repenser la route, et d’allumer un phare pour guider l’Afrique hors des eaux troubles de l’inaction.
Un cap à redéfinir : la Stratégie maritime intégrée africaine 2050
Quand, en 2014, les États du continent adoptèrent l’AIMS 2050, c’était comme s’ils avaient dressé une carte pour conquérir leur avenir maritime. Pourtant, cette boussole est aujourd’hui obsolète. Les courants modernes – cyberattaques, piraterie sophistiquée, trafics illicites – exigent des réponses d’une agilité et d’une puissance que la stratégie actuelle ne peut offrir.
Le Bureau du conseiller juridique de l’Union africaine dispose du mandat pour réviser cet outil vital. Mais, comme un marin englué dans une mer de bureaucratie, il tarde à agir.
Walker et Reva, tels des vigies, appellent à des solutions audacieuses : réorienter les budgets existants, mobiliser des partenaires internationaux. Car une stratégie, pour briller, doit être soutenue par une vision audacieuse et des moyens robustes.
Les technologies avancées – drones, surveillance par intelligence artificielle – doivent devenir des alliés. Et surtout, l’Afrique doit affirmer sa voix dans les grandes arènes, celles de l’Autorité internationale des fonds marins et du Tribunal international du droit de la mer.
Sécuriser les flots : un impératif immédiat
La mer est une maîtresse exigeante, et sa sécurité ne saurait attendre. En 2022, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine avait recommandé un exercice de commandement maritime, un test pour la Force africaine en attente. Pourtant, les vents du changement n’ont pas soufflé. Les États membres, parfois réticents, parfois empêtrés dans leurs propres défis, n’ont pas fourni les ressources nécessaires.
Walker et Reva plaident pour un exercice Amani Africa III, un moment de vérité où l’Afrique démontrerait sa capacité à protéger ses flots. Mais le temps presse. Chaque jour sans action rapproche le continent du chaos, alors que la piraterie et la contrebande s’infiltrent comme des ombres dans la nuit.
Ports et commerce : la clé de la ZLECAf
Au cœur de cette épopée maritime, les ports africains jouent un rôle de premier plan. Ces portes du commerce, où les navires déchargent leur trésor, sont les piliers de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Mais les infrastructures, souvent vétustes, peinent à suivre le rythme du développement.
La Charte révisée sur le transport maritime africain, qui vise à harmoniser les réglementations et à moderniser les ports, attend toujours les ratifications nécessaires. Pourtant, comme le rappellent Walker et Reva, un transport maritime efficace est l’épine dorsale des ambitions économiques de l’Afrique.
Vers l’avenir : leadership et économie bleue
Alors que les vagues du changement climatique viennent lécher les côtes africaines, menaçant des millions de vies, la troisième Conférence des Nations unies sur les océans, prévue pour juin 2025, représente une chance unique. C’est l’occasion pour l’Afrique de montrer qu’elle est prête à défendre ses océans et à attirer des investissements dans l’économie bleue.
Walker et Reva insistent sur un point crucial : il ne suffit pas de rêver. Il faut un leadership fort, des solutions audacieuses, et des partenariats solides. L’Afrique, avec son potentiel inexploité, peut devenir un géant de la gouvernance maritime mondiale. Mais le moment d’agir est maintenant.
Par Olivier d’Auzon