Affaire bipeurs au Liban : nos smartphones peuvent-ils se transformer en bombes ?
Les récentes explosions ciblant des membres du Hezbollah au Liban à l'aide de bipeurs et de talkies-walkies ont fait près de 40 morts et 3.000 autres blessés, suscitant ainsi de vives préoccupations quant à la sécurité de nos appareils personnels.
Sur les plateformes de médias sociaux, de nombreux internautes se sont demandé si nos smartphones pouvaient être manipulés à distance pour être utilisés dans des attaques similaires.
Malgré cela, les experts tentent de rassurer en soulignant que la possibilité de pirater des téléphones portables pour les faire exploser avec de telles conséquences est actuellement peu probable.
À ce stade, il semble établi que les explosions survenues au Liban ne sont pas le résultat d'une cyberattaque. Selon une enquête préliminaire des autorités libanaises, il a été déterminé que les appareils étaient sabotés dès l'origine : ils étaient programmés pour exploser et contenaient des matériaux explosifs.
Ces éléments ont probablement été introduits dans les bipeurs avant d'être livrés au Hezbollah récemment. Selon le New York Times, ces dispositifs auraient été fabriqués par une société hongroise appelée BAC, qui pourrait en réalité être une façade pour des intérêts israéliens.
Un risque d'incendie, pas de déflagration
En outre, la probabilité qu'une batterie explose spontanément est extrêmement faible. Les batteries en lithium-ion sont l'élément le plus vulnérable des smartphones et des appareils électroniques grand public.
Elles peuvent s'emballer et surchauffer, et, dans certains cas, rares, provoquer des incendies. Mais ces incidents sont insignifiants au regard du nombre d'appareils en circulation et les dégâts sans commune mesure avec ceux observés au Liban.
Les smartphones sont protégés par des réglementations. Les fabricants sont tenus d'intégrer des mécanismes de sécurité logiciels et matériels sur les batteries de leurs appareils.
"En cas de problème électrique, la batterie disjoncte plutôt que d'exploser", souligne Gérôme Billois, expert cybersécurité au cabinet Wavestone, interrogé par Les Echos. En cas de surchauffe de la batterie, les smartphones passent désormais en mode "économie d'énergie" et affichent un message de prévention.
Dans le pire des cas, l'utilisateur aura le temps de s'apercevoir que la température de l'appareil s'emballe avant le court-circuit.
En 2020, des chercheurs de l'entreprise chinoise Tencent avaient montré qu’il était possible de provoquer la surchauffe de la batterie d'un smartphone grâce à une faille de sécurité. Mais la technique nécessitait un accès direct à l'appareil et ne donnait pas lieu à une déflagration.
Il y a un an, l'effet est progressif : le smartphone surchauffe et peut finir par s'embraser, avec un risque de brûlures, mais il n'explose pas de la même façon que les bipeurs du Hezbollah.
L'attaque survenue au Liban soulève aussi la question de la sécurité des chaînes de production des appareils. Le contrôle de la fabrication est un enjeu majeur pour les entreprises technologiques, car il en va de leur réputation.
En 2016, le géant coréen Samsung avait dû rappeler 2,5 millions de smartphones Galaxy Note 7 à cause d'un risque d'incendie lié à des défauts de fabrication des batteries.
L'affaire avait entraîné l'arrêt de la production du modèle concerné. Le scandale avait occasionné un manque à gagner considérable pour l'entreprise et porté un coup sévère à son image.