Londres veut intervenir directement dans la régulation des services financiers
Le gouvernement britannique a confirmé lundi vouloir se doter des moyens d'intervenir directement dans la régulation des services financiers.
Une perspective qui alimente des craintes de voir amoindrie l'indépendance des gendarmes du secteur, en particulier la Banque d'Angleterre.
Le gouvernement compte «inclure un “pouvoir d'intervention” qui permettra au Trésor d'ordonner à un régulateur d'établir, de modifier ou de révoquer des règles lorsque des questions d'intérêt public sont en jeu», selon une déclaration du ministère des Finances transmise à l'AFP.
L'exécutif a déposé fin juillet un projet de loi ayant pour but d'améliorer la compétitivité de la puissante place financière britannique en tirant parti du Brexit.
Le texte est actuellement examiné au Parlement. Le «pouvoir d'intervention» y sera ajouté par le biais d'un amendement dont les détails doivent être fixés ultérieurement par le Chancelier de l'Échiquier Jeremy Hunt.
Cette réforme, très attendue par le secteur, a été dénoncée par ses opposants comme une déréglementation «irresponsable».
Mais les professionnels du secteur y voient une occasion de mettre à jour des normes jugées dépassées.
Le «pouvoir d'intervention» annoncé lundi est une «soupape de sécurité, qui doit être contrebalancée par une responsabilité claire, un contrôle démocratique et une supervision transparente», a assuré le Trésor.
Crainte de «saper la crédibilité internationale» de Londres
Le premier ministre Rishi Sunak avait promis, lorsqu'il était lui-même ministre des Finances dans le gouvernement de Boris Johnson, un nouveau «big bang» dans le secteur après la dérégulation des années 1980.
Le projet de loi «abroge des centaines de textes hérités de l'UE, pour ouvrir la voie à un régime cohérent, agile et respecté au niveau international, qui travaille à l'intérêt du peuple britannique», avait fait valoir le gouvernement en juillet.
Dans sa version initiale, le texte mettait déjà sous pression les régulateurs, l'autorité des marchés (FCA) et la Banque d'Angleterre, avec notamment des mécanismes accrus de contrôle de leurs actions par le Parlement et le Trésor.
Un pouvoir d'intervention direct, loin de «renforcer la compétitivité» ferait «exactement le contraire en sapant la crédibilité internationale» du Royaume-Uni, avait prévenu la semaine dernière dans un discours Sam Woods, patron de l'autorité de régulation prudentielle (PRA) qui réglemente les banques et dépend de la banque centrale.
Le projet de loi attribue en outre un objectif secondaire aux régulateurs : promouvoir la croissance et la compétitivité du secteur.
Cela suscite des craintes que les régulateurs ne soient détournés de leur mission principale.
Mais le gouvernement assure que la priorité restera la stabilité financière et la protection des consommateurs. Nous rapporte Le Figaro .