Longtemps éclipsée par la Chine : L'Inde une nouvelle superpuissance
L'Inde connait une santé économique insolente ; elle vient de ravir à son ancien colonisateur, le Royaume-Uni, la place de 5e puissance économique mondiale
Longtemps éclipsée par la Chine, l'Inde, qui accueille le sommet du G20 ce week-end, a pris en quelques années une nouvelle envergure. Dans un contexte où les États Unis et l'Europe sont menacés de récession, l'Inde connait une santé économique insolente ; elle vient de ravir à son ancien colonisateur, le Royaume-Uni, la place de 5e puissance économique mondiale. Et elle pourrait se hisser devant l'Allemagne dès 2027 puis au troisième rang mondial avant 2030, juste derrière les États-Unis et la Chine. L'Inde dispose également d'une diaspora de plus de 28 millions de personnes qui transfèrent 90 milliards de dollars par an dans le pays.
• Le pays le plus peuplé du monde
Fin avril, l'Inde est devenue le pays le plus peuplé du monde, selon l'ONU, avec plus de 1,425 milliard d'habitants, détrônant la Chine qui occupait la première marche du podium depuis 2 000 ans. Désormais, une personne sur cinq dans le monde est indienne. Il s'agit toutefois d'une estimation, puisque New Delhi ne dispose d'aucune donnée officielle sur le nombre de ses habitants. Elle n'a en effet pas effectué de recensement depuis 2011. La population de l'Inde a augmenté de plus d'un milliard de personnes depuis l'indépendance en 1947 et va continuer de croître jusqu'en 2060, pour atteindre 1,7 milliard, toujours selon les projections des Nations Unies. La population indienne est également l'une des plus jeunes de la planète : 40 % des Indiens ont moins de 25 ans. Par ailleurs, l'âge médian est de 28 ans, contre 39 en Chine.
• La 5e économie mondiale
Là encore, le match des géants asiatiques est en train de tourner en faveur de New Delhi. Alors que la Chine voit sa croissance ralentir, l'Inde affiche une insolente santé économique dans un contexte mondial pourtant morose : 9,1 % de croissance en 2021 selon la Banque mondiale, 7 % l'an dernier, et un objectif au-dessus de 6 % pour 2023. Selon l'OCDE, l'Inde est l'économie du G20 qui connaît la croissance la plus rapide depuis 2014. New Delhi s'est imposée l'année dernière comme la cinquième puissance économique mondiale, dépassant son ancien colonisateur, le Royaume-Uni. Avec une population jeune, éduquée et bien formée, le pays représente l'un des plus grands réservoirs de main-d'œuvre de la planète. Industrie pharmaceutique, chimie, aéronautique ou encore service aux entreprises font partie des secteurs les plus dynamiques. Portée par sa croissance démographique, l'Inde pourrait même devenir la deuxième économie mondiale d'ici 2075, selon une étude de la banque Goldman Sachs.
• Un PIB par habitant de 2 388 dollars
C'est l'un des paradoxes de l'économie indienne. Si la croissance est est extrêmement dynamique, son PIB par habitant reste le plus bas des pays du G20, avec 2 388 dollars par mois, bien loin derrière la Chine et ses 12 720 dollars, selon les chiffres de la Banque mondiale. Au-delà de cet indicateur économique permettant de mesurer le développement d'un pays, l'Inde reste très inégalitaire et souffre de sérieux retards dans l'accès aux soins ou encore à l'eau potable. Selon le dernier classement sur le développement humain (IDH) établi par l'ONU, l'Inde pointe à la 132e place sur 191.
• Un taux de chômage autour de 8 %
Moteur de sa croissance économique, la démographie galopante de l'Inde n'est pas sans poser un certain nombre de défis, à commencer par l'emploi. Le taux de chômage en Inde a atteint 8,3 % en 2023, son plus haut niveau depuis 45 ans. L'Inde peine globalement à absorber les nouveaux entrants (10 millions chaque année) sur le marché du travail. Le chômage est particulièrement élevé chez les moins de 25 ans, puisque près d'un sur deux n'a pas d'emploi. Par ailleurs, le taux d'emploi des femmes est l'un des plus faibles de la planète. Selon un rapport publié par des chercheurs indiens, moins de 20 % des femmes occupent ou cherchent un emploi. Une situation qui a empiré avec la crise du Covid-19.
• 36 % de la population vit en ville
Pollution atmosphérique, insalubrité, surconsommation électrique, menaces environnementales, explosion du prix des loyers... L'Inde, dont 36 % de la population vit actuellement en ville, selon les données de la Banque mondiale, devrait connaître ces prochaines décennies une explosion de sa population urbaine alors que ses mégapoles sont déjà surpeuplées et en manque d'infrastructures. Symbole de cette urbanisation frénétique : la ville de Bombay, 20 millions d'habitants, a vu sa population augmenter de 8 millions de personnes ces trente dernières années, soit l'équivalent de la population de New York.
• 75 % de l'électricité vient du charbon
Face à cette croissance débridée, les autorités indiennes tentent de répondre à la demande grandissante du pays en énergie, dont la production d'électricité dépend encore à 75 % du charbon. Si la part des énergies fossiles dans le mix indien devrait rester très élevée pendant encore plusieurs années, les énergies renouvelables devraient bientôt prendre le relais. Le troisième émetteur mondial de gaz à effet de serre espère ainsi atteindre la neutralité carbone en 2070. Pour y parvenir, l'Inde veut installer une capacité de 500 GW de renouvelables d'ici à 2030 et mise en particulier sur des méga-parcs solaires, à l'image de celui de Bhadla, dans le désert du Rajasthan, et ses 10 millions de panneaux solaires.
• La 4e puissance militaire mondiale
Puissance démographique, économique, culturelle, l'Inde est également une puissance militaire. Selon le rapport publié par Global Firepower, l'Inde se classe à la quatrième place des armées les plus puissantes au monde et dispose d'1,45 million de soldats actifs. En février, le gouvernement a décidé d'accroître de 13 % son budget consacré à la défense pour le porter à 73 milliards de dollars. Premier importateur d'armement en valeur marchande, l'Inde mise de plus en plus sur une production locale destinée à l'exportation. Le pays fait également partie des neuf pays à détenir l'arme nucléaire. Selon le Stockholm International Peace Research Institute, New Delhi possède 156 ogives nucléaires, contre 355 pour la Chine, 5 800 pour les États-Unis et 6 255 pour la Russie.