Macron et l'affaire Mbappé : un président ne devrait pas dire ça
Kylian Mbappé pourrait quitter le PSG dès cet été. L’affaire ébranle le monde du foot depuis trois jours, et voilà qu’Emmanuel Macron s’en mêle…
Il n’a pas pu s’en empêcher. Interpellé mercredi 14 juin dans les allées du salon Viva Tech, le chef de l’Etat a lâché qu’il allait "essayer de pousser" pour que Mbappé reste à Paris. Certes, c’est une réponse spontanée à un jeune fan du PSG qui l’apostrophait. Mais un président ne devrait pas dire ça. Et surtout ne pas faire ça : intervenir dans le transfert d’un joueur de foot, un peu comme s’il s’agissait d’une menace de délocalisation pesant sur un trésor national.
Surtout que ce n’est pas la première fois. Il y a deux ans, alors que le Real Madrid tournait déjà autour de la jeune star, Emmanuel Macron avait décroché son téléphone. Mbappé a raconté l’échange dans la presse : "Il m’a dit : 'Je veux que tu restes. Je ne veux pas que tu partes maintenant.
Tu es tellement important pour le pays'. Quand le président te dit ça, ça compte." Pas sûr que cela fonctionne une deuxième fois, même si Emmanuel Macron affiche volontiers sa proximité avec le joueur. Tout le monde se souvient de ces images à la fin de la finale perdue de la Coupe du monde au Qatar.
Le chef de l’Etat était resté longtemps, très longtemps sur la pelouse à réconforter Mbappé. Deux ans plus tôt le chef de l’Etat l’avait enrôlé dans un concours d’anecdotes avec les youtubeurs Mac Fly et Carlito. Bref, le président en fait des tonnes.
Changement d'époque
Ce n’est pas le premier. Nicolas Sarkozy est un abonné du PSG de la première heure, toujours présent dans les tribunes du Parc des Princes et souvent dans les vestiaires, très proche des dirigeants quataris. Le foot a toujours eu une dimension politique. De nombreux chefs d’Etat s’en préoccupent depuis des décennies. Mais l’attitude d’Emmanuel Macron illustre un changement d’époque, selon Franceinfo.
Nous sommes entrés dans une période où les stars du foot, comme Mbappé, ont un impact médiatique planétaire plus puissant que des chefs d’Etat. Jadis, les grands événements politiques, les soirs d’élection par exemple, suscitaient de grands moments d’effusion collective. Désormais, depuis 1998, ce sont les grands matchs de foot. Et voir un président faire du transfert d‘un joueur une affaire nationale, c’est un symptôme de plus de la désacralisation des politiques, qui espèrent rattraper les électeurs en courant après un ballon…