France : Macron face à l'urgence de nommer un gouvernement
Après quinze jours de répit, le temps presse pour le chef de l'État, et les enjeux sont de taille.
La trêve politique observée pendant les Jeux olympiques a pris fin, et le président Emmanuel Macron se retrouve désormais face à une tâche urgente : nommer un Premier ministre et constituer un nouveau gouvernement, conformément à l'engagement pris suite aux élections législatives de juillet.
La principale échéance à l'horizon est la préparation du budget 2025, une étape cruciale qui, traditionnellement, est déjà bien avancée à la mi-août pour un examen prévu le 1er octobre au Parlement. Cette année, cependant, les circonstances sont différentes. Le ministre de l'Économie démissionnaire, Bruno Le Maire, a transmis ses recommandations pour des baisses significatives des crédits à Matignon. Toutefois, en l'absence d'un Premier ministre en fonction, les ministères ne connaissent toujours pas le montant des crédits dont ils disposeront l'an prochain.
La situation est d'autant plus complexe que la France est sous le coup d'une procédure européenne pour déficit excessif, ce qui réduit considérablement sa marge de manœuvre. De plus, l'Assemblée nationale, sans majorité claire, est contrainte de nouer des alliances, rendant l'exercice budgétaire encore plus délicat.
En parallèle, l'agenda d'Emmanuel Macron ne facilite guère la résolution de cette crise gouvernementale. Cette semaine, le président doit présider deux cérémonies de commémoration des 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale : le 15 août à Saint-Raphaël pour le débarquement de Provence, en présence de plusieurs chefs d'État africains, et le 17 août à Bormes-les-Mimosas pour la libération de la ville, où se situe sa résidence estivale, le fort de Brégançon.
Ces événements, bien que propices à l'envoi de messages politiques, ne sont pas les moments idéaux pour consulter les différents acteurs et encore moins pour nommer un nouveau chef de gouvernement. Toutefois, une fenêtre de tir pourrait s'ouvrir la semaine suivante, juste avant le début des Jeux paralympiques le 28 août, laissant entrevoir une possible accélération des événements.
Du côté du Nouveau Front populaire (NFP), une alliance de partis de gauche, la candidate à Matignon, Lucie Castets, a pris les devants en envoyant une lettre à plusieurs parlementaires, proposant des mesures telles que l'augmentation du Smic et l'abrogation de la réforme des retraites. Néanmoins, ces initiatives ont peu de chances de se concrétiser. Emmanuel Macron a déjà écarté l'idée de nommer un membre du NFP à Matignon, estimant que cette coalition ne disposait pas d'une majorité suffisante à l'Assemblée nationale.
Alors que les délais se raccourcissent et que les options se raréfient, Emmanuel Macron devra rapidement trancher. Juste avant les JO, il s'était engagé à bâtir une majorité solide entre les forces républicaines d'ici la mi-août. La pression est à son comble, et les prochains jours seront déterminants pour l'avenir politique du pays.